20 déc. 2008

Comment 'la crise' nous touche personnellement

Dans mon blogueviseur et ailleurs sur le Web, on parle peu de la très médiatisée crise économique actuelle. Comme si on voulait l'occulter. La conjurer. Ou simplement l'oublier. C'est pourtant, de mémoire d'homme de soixante-six ans, un événement dont l'importance et la signification risquent d'égaler l'attaque indicible des tours jumelles du World Trade Center, l'invasion sauvage de l'Irak par les Américains, la chute du mur de Berlin et celle de l'URSS... pour ne mentionner que ceux-là. Preuve : les gouvernements paniquent aujourd'hui comme ils l'ont fait au lendemain du 11 septembre 2001 en investissant massivement pour sécuriser le système; cette fois-ci cependant, l'argent public servira à sauver le système financier (dont dépend le système économique qui assure au politique sa stabilité). Mais nous, les contribuables qui n'avons d'autre choix que de payer les pots cassés par ceux à qui nous confions notre sort en toute confiance... En quoi cette crise nous touche-t-elle?

Le sujet a inspiré à Pierre Foglia une de ses chroniques les plus 'songées', La mort, encore. Extraits :
« Si les grands de ce monde, et les petits tout autant, avaient conscience de leur "finitude", s'ils avaient à l'esprit que tout cela va finir, si nous avions tous notre mort imprimée en relief dans notre cerveau, il me semble que, au lieu de s'engueuler pour savoir s'il y aura ou non une vie après, on se dépêcherait de s'organiser pour qu'il y en ait une avant.

« Me semble que tout serait différent si la mort comme issue certaine et scientifique à notre aventure était, en permanence, partie de notre vie. Morbide, vous croyez?

« Me semble au contraire que cela nous ferait le pied plus léger. Plus aventureux. Nous rendrait moins pressés de tout, sauf de plénitude. Moins portés sur la vitesse. Moins portés sur la possession et le pouvoir. Moins dépendants des systèmes. Plus légers, je dis bien. Au moment de prendre de grandes décisions ou d'entrer dans un débat l'écume aux lèvres, en pensant à la mort nous viendrait cette petite formule magique qui chasse la brume et déleste le cerveau de ses idées de plomb: what the fuck?

« [...] Cette crise est liée à notre incapacité de penser en dehors des systèmes. En dehors des formules consacrées comme «expansion durable», qui induit une idée hyper-convenue du progrès. Notre incapacité de penser en dehors de formules comme «une demande suffisante», qui induit l'obligation de la consumante consommation.

« Liée aussi à notre incapacité de penser en dehors de la seule certitude scientifique de notre vie: la mort.

« Je déconne? Disons que j'explore cette liberté, cette légèreté, cette envie de prendre des risques (what the fuck), cette envie d'inventer qu'aiguillonne la certitude de la mort. Cette envie de créer plutôt que de suivre le sillon qui mène de la crise de 1932 à celle des années 80 à celle d'aujourd'hui.

Dave Pollard s'est demandé quels changements (majeurs!) cette crise devrait avoir sur nos comportements individuels, selon les scénarios qui risquent de s'ensuivre :
What's next for the economy?
What Might Happen Next

What You Can Do Now

Deflation (continuous price drops) for manufactured and luxury goods/services, stocks and housing
  • Defer buying such goods
  • Learn to haggle (marchander) -- don't pay list
  • Don't be suckered by "sales" and "limited time offers"
  • Don't be suckered into getting back into the market(s) anytime soon
Inflation (sharp price increases) for staple goods (food, energy) and land; Agricultural crisis in 2009
  • Grow your own, using permaculture
  • Make meals from scratch
  • Invest in solar, wind, geothermal, insulation
  • Practice energy conservation
  • Prepare to spend more of your income on these items
Spike in personal, corporate and government bankruptcies;
Tight, expensive credit for most
  • Pay off debts and avoid new ones
  • Don't buy extended warranties
  • If you must buy, make sure it's durable
Wage deflation (annual pay cuts)
  • All of the above
  • Create your own sustainable Natural Enterprise
  • Invest in know-how (carpentry, home repair, sewing, cooking)
  • Create your own entertainment instead of buying it
  • Learn how to buy used, wisely
Spike in pension plan insolvencies
  • Don't depend on your pension
  • If it's a defined contribution plan, reconsider plans to retire
Health care crisis (increased demand + cuts in funding)
  • Get fit
  • Learn to self-diagnose and (within reason) self-treat
  • Eat healthy
  • Practice preventive medicine
Collapse of Chinese economy
  • Create local markets
  • Pledge to buy local
  • Make your own
Infrastructure failures
  • Learn not to rely on the grid, Internet, or phone system
  • Be prepared to bike or walk if public transport fails
  • Develop carpool networks
  • Figure out how you can work from home even if the utilities are offline
  • Don't live in the suburbs
  • Strengthen your local community networks
Education crisis (cuts in funding)
  • Learn to teach yourself, and unschool your kids
  • Collaborate with community in education programs
Gilles Beauchamp se questionne sur la lucidité dont font preuve nos dirigeants politiques avec leurs solutions à coups de milliards : Quelles infrastructures?
« J’ai peine à avaler ces solutions qui nous incitent à agir vite, maintenant, en jetant des milliers de milliards dans la machine… pour éviter qu’elle ne se bloque… remettant à plus tard les transformations structurelles qu’il faudrait faire ! Pourtant, n’est-ce pas maintenant, alors qu’on est prêt à injecter de telles sommes (qui auraient fait s’étouffer tous les capitalistes il y a quelques mois), qu’il faut en profiter pour amorcer les changements qui étaient, même avant la crise financière, devenus urgents : modes de transport, d’urbanisation, de consommation… Quelle folie ce serait que d’investir le principal de notre marge de manœuvre dans une structure de production désuète…

« Investir dans des infrastructures, oui, mais pas celles d’hier !! Investir dans le transport collectif, la densification urbaine, la formation, les infrastructures de communication et de production énergétique propres… pas dans le pavage des autoroutes et la construction de ponts qui sont des supports à l’étalement urbain et à des comportements dont nous devrions consciemment soutenir la rétraction. »

Dans un autre billet sur le même sujet, il précise :
« ...on ne se surprendra pas que les villes proposent des projets liés à leurs missions : parcs, voies publiques… Mais le développement de places en garderie, de services aux aînés, la formation de techniciens dans des domaines en manque crucial… ce n’est pas ce qu’on entend habituellement par des “infrastructures” mais c’en sont vraiment pour les sociétés d’aujourd’hui. »

« L'éducation bénéficiera-t-elle de la crise économique? » François Guité croit que malgré la réussite du système actuel (!), elle suscitera de nouveaux modèles pédagogiques et des pratiques plus efficientes :

« Il y a de fortes chances pour que cette crise économique précipite le changement en éducation. Et pas seulement aux États-Unis où elle s'annonce plus grave qu’ailleurs. En plus de leur résilience, les Américains ont l'avantage d'avoir un système d'éducation très décentralisé qui se prête bien à l'expérimentation.

« Du besoin et du laboratoire éducationnel ainsi créé naîtront de nouveaux modèles pédagogiques. Peu importe comment le Québec résistera à la crise économique, et malgré la réussite du présent système, elle n'aura d'autre choix que de s'inspirer des pratiques les plus efficientes. »


Pour tenter de comprendre un peu mieux 'le système' qui nous mène en 'va comme je te pousse'... quelques articles du Monde diplomatique :
  • Le jour où Wall Street est devenu socialiste :
    « Les autorités s’inquiètent non sans raison des précédents que crée chacune de leurs interventions et de ce que les banquiers privés pourraient se laisser confortablement aller à la faillite sachant qu’au dernier moment il « faudra » leur sauver la mise, comme on l’a déjà fait pour Bear Stearns et Fannie-Freddie. La morale s’offusque de ces facilités ; on resterait difficilement placide au spectacle de la finance arrogante et enrichie quand tout va bien, se réfugiant dans le giron de la puissance publique, qu’elle traite ordinairement d’aberration soviétoïde, pour quémander protections et exceptions. » (Frédéric Lordon)
  • Penser l'impensable :
    « Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la "réforme" s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash "créant de la valeur" pour l’actionnaire. Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à "investir" (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la "moralisation" ou la fin des "abus". C’est tout un système qui est à terre. » (Serge Halimi)
  • Les disqualifiés :
    « A la télévision, à la radio, dans la presse écrite, qui pour commenter l’effondrement du capitalisme financier ? Les mêmes, bien sûr ! Tous, experts, éditorialistes, politiques, qui nous ont bassinés pendant deux décennies à chanter les louanges du système qui est en train de s’écrouler : ils sont là, fidèles au poste, et leur joyeuse farandole ne donne aucun signe d’essoufflement. Tout juste se partagent-ils entre ceux-ci qui, sans le moindre scrupule, ont retourné leur veste et ceux-là qui, un peu assommés par le choc, tentent néanmoins de poursuivre comme ils le peuvent leur route à défendre l’indéfendable au milieu des ruines. » (Frédéric Lordon)
  • La tourmente financière vue d'un paradis fiscal :
    « Mais, quand il s’agit des banques, la règle de l’OCDE ne s’applique plus... Après le renflouement de Citigroup et l’annonce par Washington, le 25 novembre, d’une nouvelle perfusion de 800 milliards de dollars, les sommes mobilisées par les seuls pouvoirs publics américains pour soutenir l’activité ou garantir des actifs avoisinent 8 500 milliards de dollars. Une fraction aboutira sur les comptes d’établissements domiciliés dans des paradis fiscaux. » (Olivier Cyran)

25 nov. 2008

La revitalisation du Québec doit-elle absolument passer par la souveraineté?

En cette période d'élections, la réflexion politique est une denrée rare. Les médias nous donnent jour après jour l'impression que les trois grands chefs et leurs partis sont en réalité bien petits pour ne pas dire mesquins (promesses mises à part). Leurs intérêts et leur avenir semblent les préoccuper bien plus que l'intérêt et l'avenir de la nation québécoise, du moins si on en croit les médias. Par bonheur, certains blogueurs tiennent un tout autre discours...

« [...] Le « nous » québécois a beaucoup changé. On s’abreuve moins à la sève de la souche et beaucoup de rejetons poussent en dehors d’elle. Donner à la souveraineté la mission de revitaliser la souche c’est la reléguer aux tablettes du folklore alors qu’elle aurait tant à faire aux différents carrefours de notre devenir. C’est décidément sur l’avenir qu’il faut braquer la souveraineté. Elle peut-être un puissant levier pour nous aider à prendre le virage des temps nouveaux.

« La crise financière que nous connaissons révèle l’impuissance du capitalisme sauvage à assurer la prospérité et surtout le partage équitable des richesses. On ne peut plus se contenter de colmater les brèches. Sarkosy l’a dit haut et fort. On voit l’urgence de prendre les virages appropriés avant que tout ne se détraque. Cependant les nations trop engoncées dans les charnières de la révolution industrielle en sont absolument incapables.

« [...] Le renouveau du monde, l’apprivoisement de la mondialisation ne viendra sûrement pas des capitalistes qui sont trop occupés à protéger leurs privilèges pour entendre les cris des défavorisés qui meurent de faim ou pour porter attention aux menaces qui pèsent lourdement sur notre futur collectif.

« La survie viendra de là où on ne l’attend pas. (...) Les virages à prendre : investir à fond dans les nouvelles technologies moins dépendantes des énergies fossiles, développer des modes de gérance qui tablent sur la compétence et les consensus plus que sur les rivalités et l’opposition des partis politiques, faire de l’éducation pour tous le fer de lance qui mobilise les bonnes volontés de toute race et de toute origine à la conquête de nos demain imminents, riches et menaçants, bâtir une économie durable, renouveler avant d’être à l’extrémité nos sources d’énergie et d’approvisionnement, impliquer les régions et les groupes de citoyens de base dans la définition des objectifs et la mise en place des moyens de les atteindre, œuvrer dans et avec la diversité dans l’accueil et le respect des différentes cultures etc.

« Le Québec formé d’une population fort diversifiée, qui a déjà développé des expertises intéressantes en toutes sortes de domaines est en bonne position pour effectuer ce virage.

« Et la souveraineté est probablement un outil indispensable pour enclencher ces renouveaux. Les dernières expériences d’essai de compromission et de collaboration avec le reste du Canada révèlent tant de différences et d'incompatibilité que persister à faire route dans la perspective de la confédération c’est non seulement renier son identité c’est surtout s’handicaper d’un lourd boulet qui risque de compromettre notre survie.

« Alors la souveraineté n’est pas seulement légitime, naturelle, appropriée à notre identité, elle devient un « must » pour réaliser ce que nous voulons comme nation. On ne peut la mettre sous le boisseau parce que le referendum risque de heurter les épidermes sensibles. Il ne faut pas l’attendre non plus pour réaliser notre pays.

« Alors le parti qui s’est donné comme mission de réaliser la souveraineté doit d’abord et sur tous les horizons travailler à réaliser le pays. Prétexter que la confédération canadienne nous empêche de bâtir notre pays, un nouveau pays pour une nouvelle ère de l’humanité c’est couvrir notre inertie d’une très lamentable excuse. C’est un nouveau pays qu’il nous faut bâtir avec une nouvelle donne, de nouvelles gens et de nouvelles visées. La mise au rancart du référendum n’est pas pour les souverainistes une période d’attente mais l’urgence d’une intense activité pour relever le défi pressant qui se dresse devant nous.

« Réaliser le pays ce n’est pas soumettre les différents groupes qui le composent à un groupe majoritaire à ses lois et à sa culture. Réaliser le pays c’est, dans le respect de la diversité des groupes, des ethnies, des régions, des origines, des cultures et des traditions de chacun, unifier les diversités, les centrer vers la poursuite d’objectifs communs. C’est un projet neuf de société qu’il faut d’abord à ce pays. Ce projet c’est une nouvelle nation, un nouveau peuple qui doit le mettre sur les rails. Ce pays commande de nouvelles attitudes, de nouvelles façons de faire, de nouvelles politiques, la mise en place de nouvelles énergies l’émergence de nouvelles valeurs. Une nation de ceintures fléchées ne saurait relever ce défi, prendre ce virage.

« Pour relever ce défi on n’a pas à faire « tabula rasa » de toute notre histoire et de nos traditions. On n’a pas à réinventer les boutons à quatre trous. L’humus québécois germe avec profusion d’initiatives, d’audaces, d’inventions, de sens pratique qui font qu’on est entré de plein pied dans le 21ième siècle. Ce qu’il nous faut c’est un ralliement, une cohésion à cette diversité, un Messie, un Obama qui sache nous donner confiance et fierté comme a su le faire un René Lévesque dans les années 70 mais cette fois non plus dans la maitrise de notre présent mais dans la conquête de notre futur.

« Devant l’impératif du futur : Un gouvernement narcissique et un PQ déboussolé. Et pendant que les signes avant-coureurs des temps nouveaux sollicitent partout notre attention, pendant que les alertes sonnent à tout moment, sur les menaces qui assombrissent le ciel de nos acquis, que font nos gouvernements, comment réagissent nos politiciens?

« Au lieu de mettre sur pied un projet mobilisateur et favoriser la participation de tous on déclenche des élections parce que c’est le bon temps de profiter de la crise pour affermir son pouvoir. On croit ou on laisse croire naïvement que l’image des trois mains sur le volant caractérise le mieux les malaises de notre présente situation. Mais, on vous l’a dit et répété M. Charest, on est en crise. C’est le dynamisme de la corvée qu’il faut insuffler à ce peuple, non l’inertie ou le débat stérile des juridictions et surtout pas les vantardises soufflées de ses réalisations du passé.

« Et pris de court tant par la crise que par le déclenchement inopiné de la campagne électorale, aucun parti n’a de projet à proposer. On se critique, on se crêpe le chignon, on fait des petites guerres plus risibles et moins efficaces que la guerre des boutons, c’est celle des promesses. On étale sur la place publique le spectacle éculé et ridicule de la période des questions à l’Assemblée nationale. Ces pratiques m’insultent, discréditent la politique et les politiciens par ailleurs engagés et courageux et démobilisent beaucoup de bras qui souhaiteraient œuvrer à la construction de la nouvelle nation. Une campagne électorale dont la principale prouesse est d’enfarger l’autre! On mérite mieux que ça de nos élus!

« Dois-je voter sur une dizaine de places de plus ou de moins en garderie, ou sur qui est jugé coupable des ratés du système de santé ou sur la promesse de bulletins chiffrés ou la disparition des commissions scolaires? Pourtant le feu est aux poutres.

« Et le PQ? Pris de court il ne s’est pas encore remis de la dernière débâcle. Il semble encore faire passer la prise du pouvoir avant son article un la mise en œuvre du chantier de la souveraineté. Surtout il n’a pas encore su donner à la souveraineté une réelle plateforme, un projet de société qui mette résolument le cap sur le futur.

« [...] Que sera le Québec de demain? Quel visée déploie-t-on face à la guerre, face aux armements, face à notre insertion dans la communauté des nations, face à l’environnement, face au développement de nos ressources naturelles… En éducation quels objectifs au-delà des bulletins chiffrés devrait-on poursuivre? Préconise-t-on des soins de santé à une ou à deux vitesses? Pourquoi? Etc.

« Au lieu de laisser l’image d’un Québec débordant de ressources, déjà engagé dans le virage et prêt à le compléter on accroit l’impression d’un panier de crabe où tout n’est que rivalité et discorde. Au lieu d’engager la solidarité et de la motiver on la décourage en faisant des lieux publics des arènes de boxe où les victoires se comptent en knock-out au ras du tapis.

« Pourtant dans le pays voisin qu’on juge souvent si rétrograde on a réussi une percée aux dimensions internationales, aurore de paix, profonds et audacieux virages qui mobilisent une bonne partie de la nation américaine. Faut-il encore attendre un Messie, notre Obama pour relancer le Québec dans la foulée d’un René Lévesque faire rêver une ère nouvelle ? Peut-être conviendrait-il de lui paver la voie en tournant déjà nos regards vers l’avenir et en projetant nos ambitions, nos forces et nos rêves plutôt que nos jérémiades sur les carences du passé! »

Florian Jutras

Mais n'est-ce pas là exactement ce qu'essaie de faire, à contre-courant-média, Françoise David et les membres du parti Québec solidaire? Ce parti auquel j'aurais adhéré d'emblée s'il n'était pas réservé aux souverainistes.

16 nov. 2008

Atomes crochus

Les motivations de nos relations interpersonnelles avec les autres sont complexes. Tellement complexes que c'est un sujet rarement abordé. Dave Pollard, en osant le faire ouvertement, touche quelques cordes sensibles...

« I have often said that we love who we imagine others to be, and not who they really are, because, after all, we can never really know who other people are (my recently-divorced friends in particular tell me this). So it is possible that I am subconsciously exaggerating (or even inventing) the qualities of people who I find lovable, and under-estimating those qualities in people I do not, and imagining wilder creatures to be more complex, present and graceful than they really are. I suspect I am not alone in this, and that while other people's "top 5 desired qualities" lists -- exceptional intelligence, great emotional strength (and self-knowledge), deep emotional sensitivity (and perceptiveness), articulateness (extraordinary ability to communicate or self-express orally, in writing, or non-verbally through art or some other medium), and great imagination (or creativity) -- undoubtedly vary (great bod, good sense of humour, attentiveness, generosity, appreciation and good personal hygiene would probably be on many), most people probably imagine the objects of their affection to be other, and more, than who they really are. How else can we explain the desire of so many women to "improve" their men (make them more who they imagined them to be before they got to know them better), and the propensity of so many men to avoid any meaningful conversation with their partners that might shatter their illusions?

« The lessons for me, I think, are obvious. I need to be more open to the qualities of every human I meet, less judgemental (though I am getting better at this, except when my usually-accurate instincts get in the way), more attentive, and less carried away by my imagination. If I were to do this, I might find almost everyone lovable, and that would certainly make me more appreciative, more positive, more optimistic, better company (for most), and more present. I might possibly learn to be humble, or even graceful. »

Dave Pollard

7 nov. 2008

L'économie d'abord? Oui? Même au détriment de la vie?

« L'étude étatsunienne* est aussi intéressante parce qu'elle met en relief le rôle que joue le phosphore, cet oligo-élément omniprésent dans les engrais naturels et chimiques que l'agriculture industrielle utilise avec les seules limites qu'imposent les plans de fertilisation gouvernementaux. Or ces plans de fertilisation affichent les mêmes prescriptions qu'on soit sur une terre agricole de Ferme-Neuve, dans les Laurentides, ou dans un bassin en surplus de fertilisants, comme c'est le cas de nos principales rivières à vocation d'égouts agricoles.

« On touche ici un aspect méconnu de la crise des algues bleu-vert que le gouvernement Charest a évitée cet été en privant la population d'information sur l'intensité du problème pendant la saison estivale, sous prétexte d'éviter des paniques inutiles mais surtout pour éviter les projecteurs médiatiques. Que les toxines de ces algues nuisent aux usages de l'eau par les humains, c'est une chose. Mais quand elles portent atteinte à la reproduction des espèces ou provoquent des mutations génétiques, comme dans le cas des amphibiens, on assiste à une réduction importante de notre capital génétique.

« L'incapacité des gouvernements québécois successifs à contingenter l'usage des pesticides en fonction de niveaux de sécurité viables pour les humains et les espèces vivantes ou menacées engendre une hypothèque environnementale qui s'alourdit d'année en année. Nous refilons ainsi une partie de la facture de notre alimentation industrielle à la prochaine génération. Et ce n'est ni la Loi sur le développement durable, ni le projet de loi sur l'eau laissé en plan par le déclenchement des élections, ni même notre Loi sur la qualité de l'environnement vieille de 30 ans qui semblent pouvoir améliorer la situation.

« Quant au Code sur les pesticides, il permet aux agriculteurs de s'en tenir aux prescriptions des manufacturiers de ces molécules chimiques, généralement conçues pour tuer et qu'on dissémine dans l'environnement avec des oeillères qui limitent le champ de vision au seul bilan financier. Ce code servirait-il d'alibi à une contamination croissante de nos cours d'eau et bientôt de plusieurs nappes souterraines, comme l'avait soulevé la commission Beauchamp sur l'eau?

« Voilà des considérations dont on ne risque pas de débattre à fond durant ces élections, les seuls aspects agricoles de cette «campagne» qui s'annonce pas très verte se limitant plus souvent qu'autrement au combat des coqs en chef, dont les exploits quotidiens seront scrutés à la loupe par nos chroniqueurs (sportifs?) entassés dans les poulaillers roulants de chaque parti. »
* « Dans l'édition du 30 octobre de la revue Nature, des scientifiques de plusieurs universités des États-Unis signent une étude qui met en évidence le rôle de l'atrazine dans les infections des amphibiens par les vers trématodes. »
Louis-Gilles Francoeur

2 nov. 2008

Blogueur, qui es-tu?

Un éditorial de la journaliste Marie-Andrée Chouinard dans lequel, notamment, elle qualifie les blogueurs d'emberlificoteurs a donné lieu à des échanges pour le moins animés pour ne pas dire 'animosités' sur ce qu'il faut bien appeler la rivalité qui existe entre un groupe de journalistes et de blogueurs qui de part et d'autre prennent leur titre au sérieux lorsqu'il s'agit de politique partisane... De tout ce débat, j'ai retenu des éléments qui permettent de mieux définir le blogueur par rapport au journaliste.

« Voici pourquoi je crois que les partis politiques ont raison de favoriser la présence de blogueurs aux côtés des journalistes dans leurs activités partisanes. (...)
  • Les blogueurs «passent» souvent mieux le message que certains journalistes.
  • (...)
  • Les journalistes rapportent des faits, ceux qui font vendre, ceux qui cadrent, parfois, avec la ligne éditoriale du média qu’ils servent. Les blogueurs rapportent parfois les mêmes faits, mais souvent, vont rapporter d’autres faits, plus anecdotiques, plus sujets à l’établissement de conversations spontanées ou en lien avec d’autres sortes de lignes éditoriales.
  • Les journalistes-chroniqueurs ont des opinions, celles qui font vendre, celles qui cadrent, parfois, avec la ligne éditoriale du média qu’ils servent. Les blogueurs ont eux aussi des opinions qui peuvent ajouter/compléter la perspective du journaliste, mais qui peuvent aussi initier une conversation avec l’auditoire du blogue. »
Mario Asselin

« ... ce n'est pas en allant s'abreuver aux mêmes sources que les journalistes que ceux-ci apporteront les nouvelles perspectives qu'on attend d'eux (même quand elles pêchent par une très grande subjectivité). (...) Il faut plutôt se déployer dans la foule, témoigner et rendre compte de ce que les journalistes ne peuvent peut-être pas voir, profiter du nombre, du réseau... de ce qui reste la force des blogues même sur le terrain, même dans un congrès politique. »
Clément Laberge (commentaire 9)

« Faudra qu'on m'explique, un jour, la fierté relative à se faire définir comme un "blogueur". Je préfère grandement rester un citoyen exprimant publiquement mes impressions et opinions bassement subjectives. J'ose croire qu'on ne m'accorde ni la crédibilité, ni l'intérêt accordé à un "journaliste professionnel". J'espère cependant que mes opinions, en tant que citoyens seront, au même titre qu'un éditorialiste, considérée à leur juste valeur, en autant qu'elles soient bien exprimées et suffisamment justifiées. »
Carl-Frédéric De Celles (commentaire 11)

« La société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire. La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. (...) C’est bien triste pour le Conseil de presse du Québec, Le collège des médecins, les différents syndicats et ordres professionnels de tout acabit, mais ils n’ont plus la sacro-sainte vérité et ils devront s’y faire et s’adapter… »
Michelle Leblanc

« ... j’aurai, en général, davantage tendance à croire un(e) journaliste pour au moins 2 raisons: 1) technique, pensant que le blogue est un outil davantage de communication (diantrement efficace) que de réflexion (comme le dit d’ailleurs J. Nielsen que tu critiques) et notamment eu égard au temps généralement utilisé pour écrire sur un tel support. 2) juridique, croyant qu’en l’état actuel des choses, tu peux dire ce que tu veux Michelle dans les limites passablement élastiques de la diffamation notamment alors que ladite journaliste elle est assujettie à un code de conduite, un guide de déontologie certes pas formellement contraignant, mais qui l’oblige notamment à vérifier ses propos et à suivre des processus éditoriaux passablement plus digne de confiance que celui suivi par le commun des blogueurs. »
Vincent Gautrais (commentaire 6)

« Le blogueur peut très bien se prononcer sur son espace sur l’événement du jour, en l’occurrence le congrès. Il peut aussi rapporter la nouvelle à sa manière. Le visiteur de son blogue saura décoder son message pour ce qu’il est. Mais qu’on n’en fasse pas un «journaliste», car son intérêt, sa formation, son intention, n’ont rien à voir peut-être avec ceux du journaliste, qui demeure une vigie et un chien de garde, une courroie de transmission entre l’espace politique et social et la population. Sa manière de rapporter les faits ou de les commenter est d’ailleurs régie par des codes d’éthique et de déontologie qui, s’ils sont respectés, évitent les dérapages. »
Marie-Andrée Chouinard (commentaire 8)

« The blog remained a superficial medium, of course. By superficial, I mean simply that blogging rewards brevity and immediacy. The key to understanding a blog is to realize that it’s a broadcast, not a publication. When readers of my blog bump into me in person, they invariably address me as Andrew. Print readers don’t do that. It’s Mr. Sullivan to them. If all this sounds postmodern, that’s because it is. And blogging suffers from the same flaws as postmodernism: a failure to provide stable truth or a permanent perspective. A traditional writer is valued by readers precisely because they trust him to have thought long and hard about a subject, given it time to evolve in his head, and composed a piece of writing that is worth their time to read at length and to ponder. Bloggers don’t do this and cannot do this—and that limits them far more than it does traditional long-form writing. »
Andrew Sullivan
Cité par Vincent Gautrais (commentaire 10)

« Les journalistes doivent comprendre qu’ils n’ont plus le monopole de la parole. Que la conversation est en route et qu’elle se fera avec ou sans eux. En revanche, il est normal que cette profession souligne les conditions éthiques et déontologiques qui s’imposent à elle et pas aux bloggers — dont je suis également. Ce qui ne veut pas dire que certains bloggers ne s’imposent pas un code éthique similaire à celui des journalistes. Maintenant, ne nous voilons pas la face, code de déontologie ne veut pas dire respect de ce code. Les exemples sont malheureusement quotidiens où les journalistes oublient leurs devoirs éthiques balançant de l’opinion à tout va, utilisant le conditionnel pour sortir des infos non vérifiées, acceptant les cadeaux et les voyages de presse, n’hésitant pas à faire du “product placement” dans leurs articles… sans oublier les erreurs, et parfois même les bidonnages. La déontologie a bon dos quand il s’agit de se payer les bloggers. Une façon de voir la poussière dans l’oeil de l’autre quand on ne voit pas la poutre dans le sien. Maintenant, la blogosphère doit également faire son auto-critique. Et reconnaître que la net éthique ne garantit en rien l’autenticité de l’information ou son non sponsoring par un tiers. Il est important dans une démocratie que le citoyen puisse distinguer facilement une information qui aura été vérifiée, d’une information qui aura été sponsorisée. Il est important de savoir qui parle. La question d’un code de déontologie et d’éthique pour ceux qui font acte d’informer le public reste donc entière ? Maintenant, ce ne sont pas les bloggers qui ont commencé à créer la confusion des genres, ce sont les journalistes eux-mêmes. »
Jeff Mignon (commentaire 11)

« Le point important à se rappeler, les lecteurs ne sont pas cons. Ils savent très bien faire la différence entre un bon blogueur et un blogueur poche, comme ils savent faire la différence entre un bon journaliste et un journaliste poche. Et bien entendu, ils savent faire la différence entre les deux. »
Normand Miron (commentaire 12)

Et ce n'est pas qu'au Québec que la pratique du journalisme à l'ère d'Internet et des blogues fait l'objet d'une remise en question...

« "Are reporters spending more time behind their computer screens, and less in the field, observing, conducting interviews, and gaining first-hand impressions of developments? Are bloggers filling some demand for reporting from the field, or are they simply rewriting other press coverage?" (citant Bill Dunton) Ultra local sites clearly fill in demand for reporting from the field - a demand that will be all the more acute as ‘local’ news retreats to a regional level. Good ultra local sites also counter the romanticism that only journalists can write decent content. »
William Perrin

« The world does not need journalists to communicate the vast majority of information that is defined as news. Most of the news that comes out of media organisations on a daily basis is information that others either WANT people to know or HAVE to admit to. It is just re-written or re-presented in a format that fits that platform. So, instead of journos, the world needs the generators of this information to communicate it better and to allow for redress to what they say. So is there somewhere the paid journalist can fit into all this then? Well, I guess journalists should be doing what they’re supposed to do - find out the information that organisations don’t want people to know. But they can’t do that until they are freed up from the current information processing that they have to do, and that means those that provide information start doing so in formats that are usuable and on a platform that allows redress. »
Joanna Geary via William Perrin

31 oct. 2008

Saint-Armand, un village numérique? On peut toujours rêver.

Dans la foulée d'une lettre ouverte au premier ministre proposant un plan numérique pour que le Québec devienne « une nation qui prendra sa place et se distinguera dans la nouvelle économie », je note ici quelques idées qui, si elles étaient soutenues politiquement et financièrement au niveau provincial, pourraient avoir des retombées locales et contribuer à faire de Saint-Armand un village numérique (espérant peut-être ainsi ranimer un vieux rêve...)


  • Le gouvernement québécois doit garantir l’accès à tous les Québécois à Internet haut débit partout dans la province. L’Internet haut débit constitue aujourd’hui, comme l’eau, le téléphone ou l’électricité, une commodité essentielle.
  • Des mesures doivent être développées pour assurer la protection de la liberté d'expression des citoyens. Un individu confiant participera activement aux débats politiques et à l’activité économique et contribuera ainsi à la santé de notre société.
  • L’introduction d’une formation, dès le plus jeune âge, répond à la nécessité de donner, à chaque enfant, des compétences qui sont devenues aujourd’hui indispensables pour réussir tant au niveau professionnel que social.
  • La numérisation accrue et la disponibilité en ligne des contenus académiques et leur libre accès sont des incontournables.
  • [Implanter] des outils additionnels d’information, de transaction et d’échange. La transparence doit être à l’ordre du jour et le gouvernement doit ainsi démontrer qu’il a confiance au fait que les citoyens sont d’importants contributeurs à notre système démocratique.
  • Il est important que le gouvernement provincial supporte et guide les gouvernements municipaux en matière de politiques numériques. En effet, ces derniers sont des acteurs importants du développement de l’économie numérique locale.
Patricia Tessier, Un plan numérique pour le Québec (wiki)

  • Encourager les entreprises et institutions publiques à partager gratuitement leur capacité Internet, à travers notamment des projets communautaires comme Ile sans fil, ZAP Québec ou ZAP Sherbrooke.
  • Faire confiance aux jeunes générations et à leur capacité à aider les vieux, plutôt que de chercher à les isoler pour les protéger.
  • Qu’on mise sur l’ouverture, la normalisation, le partage et le développement informatique ouvert. Surtout, qu’on vise la prise en charge interne des développements de projets numériques stratégiques, sachant qu’une vision impartie n’est plus une vision.
  • Qu’on donne l’exemple aux citoyens et aux entreprises, particulièrement dans l’efficacité et la convivialité des solutions interactives proposées!
Carl-Frédéric De Celles

Mise à jour
Ce que révèle un rapport publié à la suite d'une étude sur l'utilisation de technologies de l'information par les communes bretonnes montre bien que Saint-Armand n'est pas la seule municipalité à tirer de la patte en matière d'utilisation des technologies de l'information pour favoriser la démocratie locale.
..
« (...) Son enseignement principal est de montrer qu’il existe une fracture numérique entre collectivités locales bretonnes, au détriment des communes rurales de moins de 2000 habitants. Une fracture liée à des éléments objectifs et irrémédiables (manque de moyens…), qui ne sont pas forcément insurmontables, mais surtout à un manque de compréhension des TIC par une partie des décideurs publics (personnels administratifs et élus) qui sont aux commandes de ces communes.

« Si l’étude montre que presque toutes les mairies bretonnes (98 %) ont une connexion permanente à haut débit, et que l’équipement a progressé (90% des communes ont équipé la totalité de leur personnel administratif d’ordinateur, 87% leur donnant aussi un accès à l’internet), reste que l’accès à cette connexion est inégalement réparti : tous les élus ou les employés ne sont pas connectés. Les usages ne sont pas non plus très homogènes. Si les services administratifs profitent le plus d’internet, ils communiquent peu entre eux par courrier électronique par exemple (2 mairies sur trois ne l’utilisent pas en interne). Ainsi, les documents préparatoires aux réunions restent peu diffusés par mail (la pratique n’a pas vraiment progressé depuis l’enquête de 2005). L’une des raisons avancée tient au fait que le personnel comme les élus ne sont pas assurés de la bonne réception d’un dossier, car maires, élus ou personnels lisent trop irrégulièrement leurs mails.

« Les maires utilisent-ils l'internet ? Forcément, la mise en commun de l’information est à peine ébauchée : seulement 9 % des mairies utilisent des agendas partagés, une mairie sur quatre dispose d’un espace de travail collaboratif ou d’un intranet pour y stocker des données. Là encore, Jocelyne Trémembert et son équipe soulignent l’existence d’un effet de taille des communes dans les usages : les communes de moins de 1000 habitants, les communes appartenant à une zone rurale, celles dont les revenus sont les plus faibles ont tendance, en moyenne, à avoir des usages faibles des nouvelles technologies. Les résultats de l’étude relatifs aux relations entre la mairie et ses autres partenaires montre l’existence d’usages parfois plus avancés. Mais dans l’ensemble, concluent les chercheurs, “beaucoup de maires n’ont pas acquis une perception des opportunités que leur offrent les TIC, dont le maniement n’est pourtant pas plus abstrait ou complexe qu’un règlement administratif spécifique, un schéma électrique ou de canalisation, ou encore un contentieux juridique délicat. Ce manque d’appétence vis-à-vis des TIC peut résulter d’une faible perception des avantages que procurent les TIC face aux coûts qu’elles représentent. Il est clair que dans les petites communes, la circulation informelle de l’information, qui implique peu de personnes, peut sembler suffisante.Ces élus ne perçoivent pas le handicap que peut représenter le faible usage des TIC, d’où le fait que les communes qui n’utilisent pas les TIC n’aient pas non plus le projet de s’y intéresser.

« En ce qui concerne les relations et les services aux citoyens, l’échange électronique n’est pas toujours perçu par les collectivités comme ayant la même valeur qu’un échange traditionnel (par écrit notamment). Si presque toutes les communes ont une adresse électronique, cela ne signifie pas “que les adresses soient actives” ou que les messages arrivent au bon destinataire. 40 % des communes bretonnes ont leur site web (contre 37 % en 2005 et 35 % en 2003), mais peu l’actualisent. Si depuis 2005, date de la précédente enquête, la nature des informations qu’on y trouve a évolué, c’est souvent sans politique éditoriale définie, avec de grandes variations d’un site à l’autre. Les informations pratiques et l’agenda sont les éléments que l’on trouve le plus couramment sur les sites municipaux bretons, loin devant l’accès au journal municipal téléchargeable. Selon les chercheurs, les raisons qui expliquent pourquoi certaines communes sont plus avancées en matière de web que d’autres reposent d’abord sur la taille de la commune, la présence de ressources humaines dédiées aux TIC et sur le fait que la commune soit une destination touristique.

« Dans la typologie des communes qu’ont mis en place les chercheurs - une typologie qui tient compte des usages internes ou externes qui sont faits des technologies de l’information -, on voit bien que l’implication des élus demeure le premier moteur, qu’ils donnent l’élan qui permet de combler la fracture numérique qui touche plus facilement les communes les plus rurales - laissant de côté, à ce jour, presque 50 % des communes bretonnes. »

Hubert Guillaud

25 oct. 2008

Unschooling ou l'école de la vraie vie

« [...] our education system attempts to impose order (in a very complicated way) on a complex system (a large number of young learners). Instead of allowing them to learn, it attempts to 'teach' them in a highly controlled and inflexible way. It also prescribes 'curricula' which attempt to tell people in what order, and using what tools, processes and media, they should 'learn'. The result is that learners are brainwashed to believe there is only one correct 'order' to learn things in, and that they need to be 'taught' in order to learn. As a result (from lack of self-confidence and lack of practice), they lose the innate capacity to learn, the ability to decide what to learn, and the ability to decide how best to learn things. The complicated system makes the situation much worse.

« A complex approach to education would provide only the minimal amount of structure to encourage the recapture of these lost capacities. Eventually every learner would decide what was important to learn, and self-direct the way and pace they learned it. More importantly, they would learn by being shown, by observing, by exploring, by enquiry, by discovering, and by doing/practicing, not by being told. That means the whole community would have to become partners in the learning experience. The benefit would be that the learner would acquire much deeper capacities much faster, and be more able and more willing to give back much more to the community from which she learned. This is the essence of 'unschooling' (as contrasted to 'home schooling', which often merely moves the same dysfunctional processes from the school environment to the home environment). [...] »

Dave Pollard

20 oct. 2008

Tenir le blogue d'une collectivité locale, c'est exigeant...

Things You Need to Succeed in Local Blogging

1. Passion

I’m choosing my words carefully here. I don’t think you need to love your hometown, but I do think you have to care about it … a lot. Passion can be expressed in different ways, including being critical of the things you see happening in your hometown. You don’t have to love all the decisions your city council makes, for example, but you’ll be a better local blogger if you’re passionate about those decisions and what they mean to you and your neighbors. You should have a passion for where you live, and the people that live there.

2. Interestingness

This can be expressed in different ways:
  • Being an interesting blogger. We connect with people who are interesting, who have personality. We’re drawn to people with opinions, even if those opinions aren’t the same as ours.
  • Having interesting content. If you’re not Joe Personality or Jane Opinion, interesting local content can still attract readers and make a great local blog. How do we define “interesting local content?” That sounds like a post for another day but, in short, I’d include things like local business reviews, interviews with local politicians or newsmakers, local photo tours/galleries, etc.

3. Good Writer


You don’t have to be Hemingway, but I’ve always believed that better writers attract larger crowds. I can easily name several exceptions to this rule in the marketing blogosphere, and I’m sure you could name exceptions, too. But if you’re one of several local bloggers in your area, I believe … all other things being equal … that the better writers will be the most successful.

4. Outgoing

You need to connect with people to grow your blog. This is true whether you’re a local blogger or not. Blogging is a conversation, and if you’re not the type to want to connect with others, you’ll probably find it much harder to succeed. Outgoing people are typically more interested in what others believe, and that curiosity will be very helpful as you grow your hyperlocal blog.

5. Newshound


Not every hyperlocal blog is going to be about local news. You don’t have to attend city council meetings to run a good local blog. But no matter what your local focus is, I think it’s important to want to know about your community and be able to sort out what matters to other local people/readers. Even if you’re blogging about the best shopping deals in your city, or doing posts on local stay-at-home dads, or families that home school … there’s still an element of being a newshound in all of that.

6. Honesty


The old saying tells us that everyone can be anonymous on the Internet, and that anonymity often allows bloggers/commenters/web users the freedom to stretch the truth. I don’t think you have that luxury with a local blog. Your readers will be your neighbors. They’ll often be as familiar with what you’re writing about as you are. You don’t have the luxury of pretending to be something you’re not, or making up content that tells a good local story … but isn’t quite true.

7. Patience

Hyperlocalblogging is still in its infancy. Blogging itself took years to go mainstream, and in most cases it’ll take local blogs a while to gain widespread respect and trust. You’ll need to promote your hyperlocal blog, and you’ll need to be patient as it grows.

William Perrin

17 oct. 2008

Des outils du pouvoir

« ... la compétition, la normalisation et l'injustice (...) sont les outils de ceux qui s'agrippent désespérement à leur pouvoir, sachant que la masse critique s'en vient les renverser. »

Stéphanie Demers

15 oct. 2008

Le vote de la méfiance

Comment interpréter les résultats du vote d'hier au Québec? Selon Élections Canada : 38,9 % des Québécois n'ont pas voté et 23,3 % (38,1 % de ceux qui ont voté) ont choisi le Bloc Québécois. C'est donc 62,2 % des 'ayant droit de vote' qui n'ont pas voté Canada. Ces chiffres, selon moi, montrent bien notre méfiance collective envers les partis politiques canadiens quant à leur volonté et quant à leur capacité de respecter les aspirations des Québécois manifestées lors des deux référendums, d'être intégrés à part entière dans la fédération canadienne.

Mais il y a bien d'autres réactions aux résultats de ces élections...

Stéphanie Demers : « ... la grande nouvelle de ces élections est l'apathie électorale. Nous n'avons pas franchi les 60 % de participation. [...] Mais comme je suis optimiste (naïve ?), je vois aussi les brèches. Je vois les ouvriers des territoires des secteurs primaires et industriels de l'Ontario et de la Colombie-Britannique résister aux mécanismes de leur exploitation. Pourquoi n'est-ce pas un enjeu au Québec ? La question nationale a-t-elle obnubilé la question des disparités ? Les croyons-nous encore liées, dans nos sensibilités de peuple longtemps traité comme citoyens de seconde classe ? »

Morgane (en commentaire) : « C'est peut-être tordu comme vision, mais l'actuel gouvernement minoritaire va agir à la façon d'un majoritaire et aucun parti ne se mouillera pour l'empêcher en ce sens. Surtout pas de nouvelles élections ! Ce qui, d'une façon ou d'une autre, se traduira par une perte considérable de nos acquis sociaux et culturels. Et aucune possibilité d'en vouloir au Canada dans son ensemble et de s'opposer à une culture canadienne différente de celle du Québec, puisqu'il ne s'agit que de l'opinion d'une partie de la population. »

Joseph Facal : « ... de deux choses l’une : en votant à répétition pour le Bloc, ou bien les Québécois se montrent collectivement incapables de lire correctement leurs intérêts depuis plus de quinze ans, ou alors ils sanctionnent l’incapacité des partis fédéralistes à répondre à leurs aspirations. La première hypothèse est une manière polie de les traiter d’imbéciles. La deuxième est une autre façon de dire que la question nationale du Québec demeure un problème qui attend sa solution. Si tant de Québécois votent pour le Bloc, c’est parce qu’ils sont mal à l’aise dans le Canada d’aujourd’hui. Oui, le Québec est plus isolé que jamais. Et oui, la situation du Bloc est franchement bizarre. Mais il ne faut pas confondre la cause de la maladie avec ses symptômes. »

Michel Dumais : « Ce qui m'attriste le plus dans cette élection, c'est le taux de participation. Ou plutôt, le taux de non-participation. 42% de canadiens se sont abstenus de voter. 58% de taux de participation. 6 points sous le seuil historique de 64%. Ça me tue. Que personne ne vienne me dire qu'il y a un gagnant ce soir, quelle que soit son allégeance politique. Avec 58% comme taux de participation, nous sommes tous collectivement perdants. »

Jacques Ducharme : « Allons-nous vers une glaciation politique? Deux "minoritaires' de suite et je pense à la souplesse du "triumvirat"... Subirons-nous un méchant mélange d'ambitions personnelles tel Pompée, César et Crassus, d'il y a? L'altruisme des gens sensés et de pouvoir imiteront-ils Octave, Antoine et Lépide? L'homme étant l'homme, je n'ai pas beaucoup d'assurance sur l'avenir. « Mon » Canada est simplement souffrant.

Dave Pollard : « Such a colossal waste of energy, time and money ($300 million, just to run the election). The fact that the turnout was a record low really says it all. It really shows how dysfunctional our electoral system is. And the fact that Canadians fell for Harper's Bush-inspired character assassination of the Liberal leader, and Harper's falsely smearing the idea of a carbon tax as an "additional tax burden" (the scheme is revenue neutral and would only punish polluters and gas gulpers) was really disappointing -- it demonstrated how depressingly effective negative, dumbed-down campaign advertising can be. Ugh. Here we are, again, in the same place. »

Mario Asselin : « ... en regardant de plus proche le fait que 40,9% des électeurs ne soient pas allés voter je me suis posé une question: «À quand une campagne électorale où les politiciens se promèneront d’assemblée en assemblée pour écouter et échanger, davantage que pour parler et demander d’écouter?» Ça n’arrivera pas de sitôt. Ce n’est pas dans les moeurs. Tout comme ce n’est pas dans les moeurs en enseignement encore. C’est comique d’ailleurs, parce que le taux de décrochage et le taux d’abstention ont l’air d’évoluer pas mal dans le même sens. Mais bon, ça doit être un hasard… (...) Je crois vraiment aujourd’hui, qu’au moins 40,9% des électeurs en ont ras le pompon d’écouter et qu’il y en a bien davantage qui aimeraient plus d’échanges, voire que les politiciens se la ferment un peu plus! »

10 oct. 2008

Les dix 'commandements' du blogueur

Signe des temps, on 'développe' maintenant des 'commandements' comme on le fait pour des logiciels... Il s'agit donc ici d'une version bêta des dix 'commandements' du blogueur

« Tu ne feras pas passer ton blog avant ton intégrité.
« Tu ne feras pas de ton blog une idole.
« Tu ne te cacheras pas derrière l'anonymat de ton pseudonyme pour pécher.
« Souviens-toi du jour du Sabbat en prenant un jour de congé sans toucher à ton blog.
« Honore les autres blogueurs avant toi-même et ne prête pas trop d'importance à leurs fautes.
« Tu ne t'en prendras pas à l'honneur, à la réputation ou aux sentiments d'autrui.
« Tu n'utiliseras pas le Web pour commettre ou permettre un adultère dans ton esprit.
« Tu ne voleras pas le contenu d'autrui.
« Tu ne feras pas de faux témoignages contre un autre blogueur.
« Tu ne convoiteras pas le classement du blog de ton prochain, contente-toi de ton propre contenu. »

L'Alliance évangélique
Traduction : Proximo

« The Alliance is inviting bloggers to feed back on the commandments, which are on the Alliance website, and make suggestions for improvement. »

URGENCE : « Enseigner non plus la compétition mais la coopération. »

Albert Jacquard et le développement durable :

« Je suis ici pour apporter ma réflexion sur ce concept de développement durable, justement, des mots qui ont fait fortune depuis quelques années. L’important, c’est de se rendre compte que cette fameuse croissance, dont on parle tant, est impossible, étant donné la finitude de la Terre. Il faut opposer les deux mots développement et croissance. Arriver à développer l’activité humaine sans augmenter la consommation des richesses de la Terre. »

Le développement durable a-t-il une dimension culturelle?
« Nous, les hommes, n’avons pas seulement besoin de nourriture, mais de bien plus, de tous les appétits culturels. Nous avons besoin de trouver des réponses à nos questions, de nous rendre compte de qui nous sommes dans le cosmos. Et la réponse, c’est que nous sommes la seule espèce qui soit capable de conscience, de penser à demain ; la seule qui, finalement, participe à sa propre construction.»

En cette période de crise financière mondiale, pensez-vous toujours que l’enjeu majeur du XXIe siècle est l’éducation, plus que la finance ?
« La finance, ça ne représente rien, personne ne comprend. Pourquoi on est riche, pourquoi on est pauvre... Avec des billets, ça ne signifie rien. C’est le phénomène des assignats pendant la Révolution. Ce qui compte, ce sont les richesses que l’on produit, celles que la nature nous donne, et surtout, les richesses sans limites que nous nous donnons à nous-mêmes, avec des projets de poésie, de beauté, de plaisir, de compréhension du monde... Et dans cette compréhension, il y a la science. »

Pensez-vous que la société consumériste dans laquelle nous vivons est prête à entendre ce discours ?
« Je crois qu’elle n’est pas du tout prête à l’entendre, mais il faut la forcer à le faire. Parce que, finalement, quand on y réfléchit, ce n’est pas durable ce que l’on fait actuellement. Détruire les réserves de pétrole, détruire la planète en stockant nos déchets n’importe où... Tout cela n’est pas sérieux. Il est temps de repenser complètement nos rapports avec la planète et, simultanément, nos rapports les uns avec les autres. »

Comment y arriver ?
« Avec l’école. La première mesure à prendre, c’est d’enseigner aux enfants non plus la compétition mais la coopération. Ce n’est pas très original de dire cela, mais c’est la seule solution. »

Propos recueillis par Gwendal Hameury
Le Télégramme.com

5 oct. 2008

« If we stop caring, we are lost. »

« My experience suggests that some of the greatest challenges to doing 'good' work are knowledge and learning related:
  • Most people are ignorant of how the world really works.
  • We live in a world of great imaginative poverty, with a dearth of practical ideas about how to make work, and our world, better.
  • Our conversational skills are abysmal.
  • While we learn mostly from conversation, from being shown, and thenceforth from practice (all collaborative processes), our learning institutions, programs and systems deprive us of all three, and instead force us to try to learn from reading, listening, and being told (all individual processes), after which we are expected to be 'expert' without any real practice.
  • This individualized approach to knowledge leads us to depend on 'experts', 'executives', 'managers' and 'consultants' and build systems that are hierarchical and support a cult of leadership, instead of drawing on collective knowledge, collaboration and community and building systems that are egalitarian and cooperative.
  • We are propagandized to be competitive and to lack empathy for others, which deprives us of the will and opportunity to work and learn collaboratively and to share knowledge with others.
« One could speculate on the reasons for the emergence of such dysfunctional learning systems. My thesis is that they have been created to keep the majority, in our horribly overcrowded world of growing scarcity, from challenging the power and wealth of those at the top of the hierarchy, i.e. to create obedience and learned helplessness, stifle imagination of better ways to live, and ensure ignorance of dangerous (to the elite) knowledge.

« How might the application of connectivism help us deal with these challenges? It seems to me there are five possibilities:
  1. Refocusing Social Tools: Just as Knowledge Management is now shifting focus and attention from collection to connection, social media need to turn their attention to enabling more, more effective, more informed, more valuable conversations. They need to help us identify 'the right people' (to live with, make a living with, love, and talk to) and then connect with them in real time in simple yet powerful ways that mimic, as much as possible, face-to-face conversations. They also need to help us make these conversations and meetings and social interactions more effective -- bring more clarity and context, reach consensus, enable stories to be told and remembered, capture non-verbal communication, and pick up from where we left off at the end of the last conversation -- keeping us connected, all the time, everywhere.

  2. Showing Us How the World Really Works: Take learning out of the classroom and into the real world. Visit real workplaces and communities with real needs, and interact with people with different perspectives. Base learning on conversations, not lectures. Let us witness what is happening -- show us instead of telling us. Trust us to draw our own conclusions -- we don't need written examinations to try to assess what we've learned. Let the learning be collective, the result of us experiencing together, instead of studying individually a world away from the subject we are studying.

  3. Emphasizing Practice Over Mastery: In complex systems, the very idea that one can achieve expertise, mastery, is arrogant and dangerous (just look at what the 'experts' have wrought in the US financial markets). The pursuit of excellence is a lifelong and humble apprenticeship towards getting ever better. We need to enable and encourage practice of the capacities listed on the mindmap above, and other, more specialized capacities that fall within areas where we have a Gift or a Passion. We all need to practice imagining, and conversing, and critical thinking, and story-telling, and collaboration. We need to find ways to become much better at these core competencies of living in the 21st century.

  4. Rebuilding Learning Institutions Bottom-Up and Community-Based: Our learning institutions are not responsible to the needs of our communities, largely because they are too far removed from those communities, and to some extent because our communities are so fragmented and confused (and lied to) that they no longer know what they need their members to know. The reconstruction of the educational system therefore needs to be a partnership in which those whose work it is to teach can help those in the community understand what is needed and what is possible, and in which the members of the community can then empower the 'teachers' to provide for those local needs and to realize what is possible. Thence the whole community becomes the place of continuous learning for all its members.

  5. Creating a Society of Caring: Perhaps more than anything else we need to smash the systems that encourage and tolerate indifference, cruelty, selfishness, fear, greed, anomie, cynicism and uncaring. Our political systems, our educational systems, our economic systems, the corporatist workplace systems, and the mainstream media (both information and entertainment) bombard us with messages that the world is harsh, that only the strong (should) survive, that we must compete or fall behind, grow or die, take or be taken, and that since nothing can be done by us as individuals there is no point is even learning how terrible the world us. This is dangerous propaganda, driving us to defensiveness, distrust, hopelessness, fear and anger, and wearing away our natural inclination to care for others and to want to do whatever we can for the good of the community, the planet, the whole. We must fight it by showing what is possible and by confronting the propagandists and telling the world the enormous harm their dishonest, violent, manipulative messages convey. If we stop caring, we are lost. »
Dave Pollard

3 oct. 2008

La prochaine révolution?

« It is a recognition that the vast majority of actual work that gets done in organizations, the vast majority of value actually created, is the result of bottom-up decisions, workarounds and changes (often hidden from management for fear of retribution for violating official policies) made by the thousands of individual workers on the front lines. Those of us who have worked with large organizations recognize that they are substantially incapable of innovation, and that they drive their mavericks, bright thinkers, and imaginative people out, while absurdly over-rewarding (and over-punishing when things go badly) their senior executives. The potential 'facilitated re-democratization' of previously hierarchical organizations could reverse this brain drain and reverse their creative stagnation, to staggering effect.

« [...] As our world enters a period of unprecedented challenges and uncertainties, the success of these people to spread this new way of learning, decision-making and acting could well be pivotal to our economy's and our civilization's ability to cope, improvise and perhaps even survive. (...) The world needs these revolutionary facilitators, these artful hosts, and thousands, millions more like them, self-organizing, connecting, smashing learned helplessness, corpocracy, hierarchy, bureaucracy, and inertia.

« While this list is probably incomplete, here are the qualities and capacities I recognized in these amazing people:
  • a thirst for truth, and an insistence on speaking the truth and being honest to a fault
  • extraordinary perceptiveness, attentiveness, and presence
  • intellectual and emotional sensitivity
  • an almost erotic level of passion and energy
  • total dedication to their chosen practices, pursued as lifelong practices, through which they seek only to get better (i.e. no expectation of mastery)
  • great instincts
  • wonderful improvisational skills
  • a love of aesthetics, and not inconsiderable artistic and creative talent (my sketchbook yesterday was my struggle to keep up, as they all seem to be able to draw brilliantly)
  • a high level of self-confidence, but never arrogance (in fact, humility)
  • a desire to be of use and service to others, and the courage to do that anytime, anywhere (though when I asked them they said it was the only thing they could conceive of doing that would have meaning for them, so it wasn't courageous at all)
  • exceptional communication skills -- oral, written, and non-verbal
  • delightful imaginations
  • great trust and respect for each other and for others who are, like them, dedicated to unselfish pursuits
  • an aversion to power, and the use of power, and aversion to hierarchy and the cult of leadership
  • great intelligence, knowledge and curiosity
  • a subtle and gentle sense of humour, sometimes self-deprecating, never cruel or demeaning of others »
Dave Pollard

1 oct. 2008

Notre système économique serait-il anti-social?

« As the overlap of housing crisis and economic crisis blurs and separates like lights in the rain, political hopefuls agonise over the "walk on by society". It no longer seems simplistic to note the connection between an economic system which encourages buying-to-let on the basis of greed, and neighbourhoods with dangerously low levels of informal social control.

« It all feels so depressingly predictable - not the economic crisis in its severity perhaps, but the almost visible connection between mindless consumer capitalism and the feeling of lost civility. It's obvious enough: if as a society we systematically encourage antisocial values and behaviour (I'm referring to ASB as practised by financiers) and we don't know those around us and don't trust them, prosocial behaviour and social norms are harder to establish, identify with, and reassert. »

Kevin Harris


Dans la même veine, mais plus près d'ici...
« Arrêtons de tout sacrifier sur l'autel de la «rentabilité à court terme à tout prix», élaborons un système où l'éducation est une valeur au moins aussi importante que l'économie et nous finirons par bâtir quelque chose de plus durable, de moins éphémère.

« Une fois cela dit, maintenant, comment peut-on faire ? (...) Est-ce que les réseaux sociaux (comme celui-ci, qui regroupe des éducateurs et des formateurs de tous pays), avec leur maillage presque infini, peuvent être une piste de solution ? Je pense que oui.

« Tout comme Apple, il nous faudra «penser autrement». Il en va de notre survie. Sinon, nous sombrons ! Nous ne pouvons attendre après le politique pour régler ce problème. On n'a juste à regarder notre campagne électorale au Canada, une campagne "contre" l'autre, au lieu d'être une campagne avec des idées à mettre en valeur, une campagne de projet de société... Encore une fois, rentabilité à court terme en priorité... Désolant !

« Alors il nous faut agir, hors des structures presque pourrissantes en place... C'est peut-être ça, re-fonder, ré-inventer. Tout un contrat ! Finalement, quand je pense à mon fils à naître très bientôt, je me dis que j'ai une autre très grande raison d'agir...

Sylvain Bérubé

27 sept. 2008

Être bien connecté : tout est là!

« With a lifetime's practice I've learned to keep in mind that I am only a complicity, a space through which stuff passes, and that my purpose is to touch the right stuff in just the right way as it passes through, in a way that brings meaning and joy and value to myself and to others in my social networks, my communities. To do this I use a particular process (sense, self-control, understand, question, imagine, offer, collaborate) to address each issue, project, decision, and challenge I face each day.

« Much of this process is social, and it is conducted with members of my communities, my social networks. In fact deciding who to include in which networks, which networks to participate in, and how, and which people to invest time in and seek conversation with (and perhaps even which to trust and love) is probably the most important type of decision I make each day. »

Dave Pollard

22 sept. 2008

Sans commentaires possibles, un blogue est-il vraiment un blogue?

« Les commentaires peuvent enrichir un article de blog mais ce n’est pas obligatoire. Les commentaires peuvent aussi être nuls, agressifs, pas constructifs, méchants, inutiles, illégaux, insultants, inutilement provocateurs et j’en passe. Ils peuvent même être carrément à côté de la plaque (...). Certains blogs sont plus exposés que d’autres. Leurs auteurs sont des stars ou ils abordent des sujets sensibles. Mais, tous les blogs ont du faire face à se problème, sans avoir encore trouvé de solution magique. [...]

« N’en concluons pas trop vite que l’interactivité est inutile, que l’ouverture n’apporte rien de bon ou que l’échange de qualité est impossible sur le Web. Entre la tentation élitiste, voire corporatiste, des sachants et la démagogie qui consiste à sacraliser automatiquement la parole de tous, il existe la voie médiane de l’échange adulte et responsable.

Mais cet échange et cette participation exigent du temps et du travail d’animation de la part de l’éditeur du blog. Pour gérer les trolls, bien-sûr, mais aussi pour animer la conversation, la relancer ou la calmer. Rien n’est simple : ouvrir un blog c’est facile. C’est ensuite que cela se complique… »

Xavier de Mazenod


Bloguer avec ou sans chapeau?

Pas facile d'être à la fois citoyen, journaliste, engagé et... blogueur.

« Lorsque je publie un billet, le lecteur de devrait-il pas savoir avec quel chapeau je rédige son contenu? Le citoyen Michel, le journaliste Dumais, la personne engagée? [...] j'ai décidé d'ajouter trois nouvelles catégories qui clairement, indiqueront aux lecteurs QUI leur parle. Journaliste Dumais, c'est le journaliste, soumis à un code d'éthique et à l'objectivité. Citoyen Michel, c'est la personne qui pense, réfléchit. Michel Dumais engagé, c'est le citoyen qui s'implique, celui qui par exemple, est membre du conseil d'administration de CIBL-FM. Bref, à compter d'aujourd'hui, pour chaque billet publié sur ce blogue, une catégorie indiquera au lecteur QUI leur parle. »

Michel Dumais


« Dans mon cas (...), il y a le prof de français, le musicien professionnel, l'ancien prof d'un paquet d'affaires (!!!), le citoyen qui réfléchit, le pédagogue qui réfléchit, le futur papa, le chum, l'ami, le collègue, etc. Bref, beaucoup de chapeaux, sans compter la tuque occasionnelle en hiver… Pour ma part, j'aurais peur au danger de dédoublement (ou démultiplication !) de personnalités ;-)) Sérieusement, il arrivera toujours un cas limite où deux catégories minimum s'affronteront. Alors je préfère être unique partout, d'avoir une identité unique, qui laisse filtrer certaines choses à sa guise, selon ses choix… »

Sylvain Bérubé (en commentaire)

« ... j'ai des réserves sur cet exercice à venir, de pouvoir «couper au couteau» l'identité choisie d'un billet (par intention) et la possibilité objective de complètement laisser de côté les deux autres. Si (je dis bien «si») tu peux… si c'est possible… Qui te dit que tes lecteurs le pourront? »

Mario Asselin (en commentaire)

L'alternative, c'est de s'abstenir d'aborder les sujets qui risquent d'être compromettants :
« [...] je voulais préciser que je ne pourrai bloguer sur la campagne électorale au fédéral de façon habituelle puisque iXmédia est à l’origine de la démarche du blocgue du Bloc québécois et que j’ai fortement contribué au dossier… Je vais donc m’imposer ici une sorte de "devoir de réserve"! »

Mario Asselin

20 sept. 2008

Élections et démocratie

,« La démocratie, c'est la conviction que les meilleures conditions du développement d'une communauté humaine reposent sur un pouvoir également réparti entre tous les membres qui la composent. C'est l'utopie fondatrice de notre civilisation. [...]

« La démocratie ce n'est pas voter une fois tous les quatre ans (...), c'est le débat, continu, qui doit contribuer au développement des communautés humaines auxquelles on s'identifie. [...]

« Le moment des débats, des nuances, de l'approfondissement, des idées nouvelles et des valeurs, c'est entre les élections. C'est dans les associations, dans les conseils de quartiers, dans les instances des partis politiques, dans les journaux et sur le Web, dans les blogues, les wikis, etc. que ça se passe. Dans l'espace public au sens large. Et ça demande du temps, de la constance et de l'engagement. »

Clément Laberge

L'analphabétisme aujourd'hui

« L’alphabétisme n’est plus une simple question de lecture; la littératie concerne désormais des formes de communication en marge du texte. Ainsi, l’analphabétisme prend aujourd’hui des allures inattendues, notamment au regard des nouvelles technologies de la communication. »

François Guité
commentant un rapport du Conseil canadien sur l'apprentissage

Un réseau humain?

« On décrit souvent le Web 1.0 comme un réseau qui relie des pages, et le Web 2.0 comme un réseau qui relie les gens.

« Dans ce sens, il ne faut pas oublier que le web 2.0 n'est qu'un outil complémentaire pour la majorité des gens et qu'il existe en fait déjà d'autres façons de nous relier entre nous (Internet n'a pas inventer les réseaux sociaux --il ne permet que garder une trace)

« Le Web maintenant ne fait que pousser exponentiellement ce potentiel à des limites tout à fait nouvelles inconnues auparavant. Mais, comme tout média, c'est un outil qui a ses particularités et ça attire un certain public (qui est différent du CB, de la radio, de la télévision et du cinéma).

« Le Web 2.0 reste un outil génial où la participation du plus grand nombre est possible : il permet d'étendre ses capacités de diffuser à son propre réseau social, de façon relativement simple et peu onéreuse. C'est ça la nouveauté. »

Martin Lessard

« Prof » pour Professionnel

Je pense aussi que le jour où les enseignants se donneront le statut de professionnels, la qualité de l'éducation au Québec montera d'un cran.

« À présent que le mot renouveau est sur le point d’être délogé, j'anticipe qu'il sera remplacé, sans tambours ni publications officielles, par l’idée de progrès continuels, comme en médecine. Des progrès réalisés au jour le jour, à l’échelle de chaque établissement.

« [...] Ce sera le moment où l’objectif central de cette réforme selon moi — la professionnalisation des métiers d’enseignement et de gestion — aura été achevé. »

Amine Tehami

17 sept. 2008

Université 1.0

« Comment accepter qu’une université qui forme de futurs enseignants les entraîne à la dictature pédagogique. À une époque où la réflexion, la métacognition et l’autonomie d’apprentissage sont des compétences essentielles, où est la logique d’obliger les étudiants, finissants de surcroît, à caler dans les ornières? »

François Guité

Il y a pourtant des pistes de solutions...

Voici de quoi alimenter la réflexion des responsables des prochaines négociations...

« ... le système scolaire « pète par les deux bouts » actuellement et à force de vouloir traiter tout le monde de la même façon (confondant « pareillement » avec « équitablement ») on échappe de plus en plus de monde.

Les jeunes des milieux défavorisés, évidemment, qui ont droit plus que tous les autres au soutien de l'État.

Mais aussi les plus privilégiés, qui ne se retrouvent plus aussi bien dans l'école et dont le décrochage (effectif ou affectif) appauvrit/affaiblit encore plus l'école.

Je suis de plus en plus convaincu qu'avoir le courage d'aborder tout cela implique obligatoirement la remise en question de l'uniformité de traitement des élèves. Remettre en question les programmes c'est une chose; faire la même chose avec le financement c'en est une autre (nécessaire!)... mais il faut aller encore plus loin et admettre que tous les enfants n'ont pas besoin du même temps de présence des profs, des mêmes services, etc.

Il faut remettre en question le dogme du 100% des élèves 100% du temps avec un prof. Je pense qu'à partir de là... un paquet de choses se simplifieraient presque jusqu'à se régler d'elles-mêmes...) »

Clément Laberge (en commentaire)


« Et si on partait des intérêts des élèves ? Si on leur demandait quels étaient leurs impératifs ? Si on ne les prenait pas tous pour des cruches? J’ai travaillé avec les jeunes du cheminement particulier au PEI, en passant par le régulier. Ensemble, nous avons questionné les mérites du boycott, la pertinence du féminisme, les fondements du souverainisme, les violations des droits de la personne, la propagande dans la publicité, les écarts des classes sociales, la mondialisation. Ils m’ont apporté de la musique qui les touchait et nous avons exploré pourquoi. Nous avons parlé des conflits au sujet de l’agenda, de la suspension du conseil étudiant. Nous avons lu la loi sur l’instruction publique, les chartes de droits, pour répondre à nos questions ! Ils sont tous autant motivés à poser de profondes questions sur leur monde. Pourquoi ne pas leur en donner la chance ? Pourquoi l’école a si peur de donner un pouvoir de décision aux élèves ? Les enseignants qui savent parler aux élèves vous diront qu’ils sont préoccupés par la pauvreté, la solidarité internationale, la guerre, les droits fondamentaux, l’environnement, les relations avec leurs parents, l’intergénérationnel, l’économie, etc. Tout ce dont un citoyen éclairé devrait avoir comme préoccupation. N’est-ce pas là la finalité de l’école ? »

Stéphanie Demers (en commentaire)


« Ne serait-il pas envisageable d'instaurer un système d'affectation par lequel, pendant les 2 ou 3 premières années d'enseignement, tout nouvel enseignant, indépendamment de son ancienneté se verrait confié un poste régulier de manière à pouvoir vraiment enseigner évitant ainsi d’être contraint à tenir le temps ou à jouer au préfet discipline, ce qu'ils n'osent probablement pas faire fréquemment en raison de leur manque évident et compréhensible de confiance en eux... " Comment la direction de cette école – que je ne connais même pas — réagira-t-elle face à mon incapacité à gérer la discipline au sein de ce groupe d'élèves turbulents ? Serais-je réengagé si je dérange trop fréquemment monsieur le directeur ou madame la directrice ? "

Ces postes qui leurs seraient confiés ne devraient, à tout le moins, pas comporter de groupes d'élèves jugés « difficiles ». De surcroît, ces jeunes gens devraient pouvoir être jumelés à des enseignants chevronnés qui assureraient ainsi une forme de coaching et auxquels ils pourraient systématiquement et facilement référer en cas de doute ou de difficultés. »

Robert Larochelle (en commentaire)


« ... l'école c'est aussi les enfants qui sont dedans et les promesses qu'on leur a fait et qu'on n'a pas tenues. Parce que l'école de ceux qui ont besoin de l'école pour se sortir de la misère, c'est à d'autres qu'on l'offre. Trop souvent, au lieu d'offrir à ces enfants les meilleurs éducateurs et à ces éducateurs, les meilleures conditions d'exercice possible, au lieu de ça on organise des clubs de déjeuners, on propose des travailleurs sociaux, des plans d'action, et tout ce que l'industrie de la pauvreté a à offrir. Toutes sortes de monde qui viennent dans les écoles faire toutes sortes de job qui n'ont rien à voir avec la job de l'école.

J'aime mieux croire que tout ça c'est juste le résultat d'un non-projet de société, que ce n'en n'est pas un en soi. »

Michel Le Neuf (en commentaire)