Albert Jacquard et le développement durable :
« Je suis ici pour apporter ma réflexion sur ce concept de développement durable, justement, des mots qui ont fait fortune depuis quelques années. L’important, c’est de se rendre compte que cette fameuse croissance, dont on parle tant, est impossible, étant donné la finitude de la Terre. Il faut opposer les deux mots développement et croissance. Arriver à développer l’activité humaine sans augmenter la consommation des richesses de la Terre. »
Le développement durable a-t-il une dimension culturelle?
« Nous, les hommes, n’avons pas seulement besoin de nourriture, mais de bien plus, de tous les appétits culturels. Nous avons besoin de trouver des réponses à nos questions, de nous rendre compte de qui nous sommes dans le cosmos. Et la réponse, c’est que nous sommes la seule espèce qui soit capable de conscience, de penser à demain ; la seule qui, finalement, participe à sa propre construction.»
En cette période de crise financière mondiale, pensez-vous toujours que l’enjeu majeur du XXIe siècle est l’éducation, plus que la finance ?« La finance, ça ne représente rien, personne ne comprend. Pourquoi on est riche, pourquoi on est pauvre... Avec des billets, ça ne signifie rien. C’est le phénomène des assignats pendant la Révolution. Ce qui compte, ce sont les richesses que l’on produit, celles que la nature nous donne, et surtout, les richesses sans limites que nous nous donnons à nous-mêmes, avec des projets de poésie, de beauté, de plaisir, de compréhension du monde... Et dans cette compréhension, il y a la science. »
Pensez-vous que la société consumériste dans laquelle nous vivons est prête à entendre ce discours ?
« Je crois qu’elle n’est pas du tout prête à l’entendre, mais il faut la forcer à le faire. Parce que, finalement, quand on y réfléchit, ce n’est pas durable ce que l’on fait actuellement. Détruire les réserves de pétrole, détruire la planète en stockant nos déchets n’importe où... Tout cela n’est pas sérieux. Il est temps de repenser complètement nos rapports avec la planète et, simultanément, nos rapports les uns avec les autres. »
Comment y arriver ?
« Avec l’école. La première mesure à prendre, c’est d’enseigner aux enfants non plus la compétition mais la coopération. Ce n’est pas très original de dire cela, mais c’est la seule solution. »Propos recueillis par Gwendal HameuryLe Télégramme.com
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