« L'étude étatsunienne* est aussi intéressante parce qu'elle met en relief le rôle que joue le phosphore, cet oligo-élément omniprésent dans les engrais naturels et chimiques que l'agriculture industrielle utilise avec les seules limites qu'imposent les plans de fertilisation gouvernementaux. Or ces plans de fertilisation affichent les mêmes prescriptions qu'on soit sur une terre agricole de Ferme-Neuve, dans les Laurentides, ou dans un bassin en surplus de fertilisants, comme c'est le cas de nos principales rivières à vocation d'égouts agricoles.
« On touche ici un aspect méconnu de la crise des algues bleu-vert que le gouvernement Charest a évitée cet été en privant la population d'information sur l'intensité du problème pendant la saison estivale, sous prétexte d'éviter des paniques inutiles mais surtout pour éviter les projecteurs médiatiques. Que les toxines de ces algues nuisent aux usages de l'eau par les humains, c'est une chose. Mais quand elles portent atteinte à la reproduction des espèces ou provoquent des mutations génétiques, comme dans le cas des amphibiens, on assiste à une réduction importante de notre capital génétique.
« L'incapacité des gouvernements québécois successifs à contingenter l'usage des pesticides en fonction de niveaux de sécurité viables pour les humains et les espèces vivantes ou menacées engendre une hypothèque environnementale qui s'alourdit d'année en année. Nous refilons ainsi une partie de la facture de notre alimentation industrielle à la prochaine génération. Et ce n'est ni la Loi sur le développement durable, ni le projet de loi sur l'eau laissé en plan par le déclenchement des élections, ni même notre Loi sur la qualité de l'environnement vieille de 30 ans qui semblent pouvoir améliorer la situation.
« Quant au Code sur les pesticides, il permet aux agriculteurs de s'en tenir aux prescriptions des manufacturiers de ces molécules chimiques, généralement conçues pour tuer et qu'on dissémine dans l'environnement avec des oeillères qui limitent le champ de vision au seul bilan financier. Ce code servirait-il d'alibi à une contamination croissante de nos cours d'eau et bientôt de plusieurs nappes souterraines, comme l'avait soulevé la commission Beauchamp sur l'eau?
« Voilà des considérations dont on ne risque pas de débattre à fond durant ces élections, les seuls aspects agricoles de cette «campagne» qui s'annonce pas très verte se limitant plus souvent qu'autrement au combat des coqs en chef, dont les exploits quotidiens seront scrutés à la loupe par nos chroniqueurs (sportifs?) entassés dans les poulaillers roulants de chaque parti. »* « Dans l'édition du 30 octobre de la revue Nature, des scientifiques de plusieurs universités des États-Unis signent une étude qui met en évidence le rôle de l'atrazine dans les infections des amphibiens par les vers trématodes. »Louis-Gilles Francoeur
7 nov. 2008
L'économie d'abord? Oui? Même au détriment de la vie?
Auteurs cités et mots clés :
développement durable,
eau,
environnement,
Louis-Gilles Francoeur
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