23 août 2011

Regard et vision

Clément Laberge souligne l'importance d'avoir un regard personnel en politique :
« Si on accepte, comme citoyens, de se faire imposer ces récits savamment construits, et les grilles d’analyse qui les accompagnent — celles des Conservateurs, mais pas seulement — on se condamne à adopter un comportement de réaction aux actions programmées par les politiciens. Nous deviendrons des personnages dans leur histoire. Alors que la démocratie voudrait que ce soit eux qui s’inscrivent dans notre histoire et qui coordonnent leurs actions en fonction de notre conception du monde. Il est urgent de reconquérir notre regard — par tous les moyens. »
Il serait plus juste, à mon avis, de parler de vision politique dans ce contexte. Jack Layton, par exemple, nous propose une vision politique inspirante dans sa lettre posthume (pdf).



Le regard est quelque chose de beaucoup plus personnel et intime. De plus physique, de plus humain. Il est à la fois expressif et communicatif. Et j'ai l'occasion d'en mesurer très concrètement l'importance ces jours-ci dans le milieu hospitalier. Un milieu où le regard peut faire toute la différence dans le processus de guérison. Médecins, infirmiers ou préposés, chaque intervenant se distingue d'abord et avant tout par son regard. Regard, disons-le, parfois indifférent, fuyant ou froid; mais le plus souvent, heureusement, vif et compatissant, reflet d'un souci sincère d'atténuer la souffrance, de la rendre plus supportable...



Parlant de vision politique, Gilles Beauchamp y va de son hypothèse -- que je souligne en gras -- pour en expliquer l'absence dans les programmes de la plupart des partis politiques :
« Incidemment, le blogueur Jean-François Lisée poursuit sa publications d’extraits de son bouquin « Imaginer l’après-crise ». De nombreuses pistes de solutions politiques sont suggérées, allant de changements à la fiscalité internationale (disparition des paradis fiscaux, imposition du prix écologique…) à de nouvelles règles de responsabilisation des corporations.
Mais pourquoi de telles bonnes idées ne sont-elles pas sur le programme de tous les partis politiques de la planète ? Parce que les partis politiques nationaux (ou provinciaux) gèrent la passivité ou l’inconscience des populations beaucoup plus qu’ils ne mobilisent l’action ou la conscience de leurs commettants. Parce que les « populations » sont composées d’hommes et de femmes aux horizons plutôt restreints : trouver un emploi, prendre sa retraite, payer sa maison ou encore l’éducation de ses enfants… quand ce n’est pas la prochaine épicerie. »

26 juin 2011

Agir, parler, écouter...

En lisant ce billet de Michele Martin, j'ai allumé.

« Agir en toute liberté », clame un récent slogan politique. Agir en toute liberté dans un parti politique? Est-ce vraiment possible?

« Action is purpose-driven and strategic. It is based on knowing where you want to go and acting in an intentional manner that gets you there. There is a sense of discipline in it because it is grounded in vision and alignment with your goals. »

« Activity is something else. It is the illusion of action without the driver of purpose or the discipline that's grounded in vision. It is action without strategy. »

[...]

« This distinction between action and activity is important for professional development because we can become consumed with activity--more useless acts with no connection to our real goals or purpose--and then wonder why we aren't really getting anywhere. We aren't getting anywhere because we are moving for the sake of moving, rather than looking at engaging purposefully so that we're taking real action. »


Je me suis alors rappelé ce billet de Clément Laberge où il s'engage comme souverainiste à « mettre l'épaule à la roue pour que les choses changent » :
« En revenant de Montréal, j’ai eu envie de redire à mes enfants que la démocratie ce n’est pas le spectacle désolant que nous offrent certains politiciens. La démocratie c’est surtout ce qu’on fait tous les jours, dans nos familles et dans nos milieux de travail, en parlant avec conviction de ce à quoi on croit et quand on se relève les manches pour le voir se réaliser. »
Dans un billet plus récent, il nuance cependant ce 'parler avec conviction' :
« Mais surtout parler autrement, et écouter différemment. Écouter pour comprendre plutôt que pour réagir. Parler pour proposer plutôt que pour critiquer. [...] Il faut s’interdire de critiquer sans proposer du même souffle une idée complémentaire ou une alternative. »


Pendant que Clément Laberge « met l'épaule à la roue » souverainiste, pour Mario Asselin, c'est le « début d'une aventure en politique active et militante » avec la Coalition et il entend agir en toute liberté (si je décode bien ses propos) :
« J’ai accepté de donner un coup de main à la Coalition et je ne le ferai pas du bout des doigts. Je compte m’impliquer activement… En même temps, c’est un peu/beaucoup M. Legault qui décidera du niveau de mes engagements futurs. Je lui ai fait part de ma volonté de contribuer tout en conservant ma 'condition' d’électron libre (dans le sens que je ne me cherche pas une nouvelle 'job', nécessairement. Pour paraphraser quelqu’un qui passe souvent sur ce blogue, "je veux bien servir en politique pour faire avancer l’éducation (dans un projet de société), mais je demeure vigilant à ce qu’on ne se serve pas de l’éducation pour faire de la politique". »
Deux blogueurs pédagogues invétérés devenus entrepreneurs qui sautent dans l'action politique en choisissant des voies différentes... Au moment où le Québec est en quête de renouvellement, c'est prometteur. Pourront-ils continuer à agir en toute liberté? À faire de l'action politique autrement? Tout un défi; mais qu'ils sont capables de relever. À suivre...