15 oct. 2008

Le vote de la méfiance

Comment interpréter les résultats du vote d'hier au Québec? Selon Élections Canada : 38,9 % des Québécois n'ont pas voté et 23,3 % (38,1 % de ceux qui ont voté) ont choisi le Bloc Québécois. C'est donc 62,2 % des 'ayant droit de vote' qui n'ont pas voté Canada. Ces chiffres, selon moi, montrent bien notre méfiance collective envers les partis politiques canadiens quant à leur volonté et quant à leur capacité de respecter les aspirations des Québécois manifestées lors des deux référendums, d'être intégrés à part entière dans la fédération canadienne.

Mais il y a bien d'autres réactions aux résultats de ces élections...

Stéphanie Demers : « ... la grande nouvelle de ces élections est l'apathie électorale. Nous n'avons pas franchi les 60 % de participation. [...] Mais comme je suis optimiste (naïve ?), je vois aussi les brèches. Je vois les ouvriers des territoires des secteurs primaires et industriels de l'Ontario et de la Colombie-Britannique résister aux mécanismes de leur exploitation. Pourquoi n'est-ce pas un enjeu au Québec ? La question nationale a-t-elle obnubilé la question des disparités ? Les croyons-nous encore liées, dans nos sensibilités de peuple longtemps traité comme citoyens de seconde classe ? »

Morgane (en commentaire) : « C'est peut-être tordu comme vision, mais l'actuel gouvernement minoritaire va agir à la façon d'un majoritaire et aucun parti ne se mouillera pour l'empêcher en ce sens. Surtout pas de nouvelles élections ! Ce qui, d'une façon ou d'une autre, se traduira par une perte considérable de nos acquis sociaux et culturels. Et aucune possibilité d'en vouloir au Canada dans son ensemble et de s'opposer à une culture canadienne différente de celle du Québec, puisqu'il ne s'agit que de l'opinion d'une partie de la population. »

Joseph Facal : « ... de deux choses l’une : en votant à répétition pour le Bloc, ou bien les Québécois se montrent collectivement incapables de lire correctement leurs intérêts depuis plus de quinze ans, ou alors ils sanctionnent l’incapacité des partis fédéralistes à répondre à leurs aspirations. La première hypothèse est une manière polie de les traiter d’imbéciles. La deuxième est une autre façon de dire que la question nationale du Québec demeure un problème qui attend sa solution. Si tant de Québécois votent pour le Bloc, c’est parce qu’ils sont mal à l’aise dans le Canada d’aujourd’hui. Oui, le Québec est plus isolé que jamais. Et oui, la situation du Bloc est franchement bizarre. Mais il ne faut pas confondre la cause de la maladie avec ses symptômes. »

Michel Dumais : « Ce qui m'attriste le plus dans cette élection, c'est le taux de participation. Ou plutôt, le taux de non-participation. 42% de canadiens se sont abstenus de voter. 58% de taux de participation. 6 points sous le seuil historique de 64%. Ça me tue. Que personne ne vienne me dire qu'il y a un gagnant ce soir, quelle que soit son allégeance politique. Avec 58% comme taux de participation, nous sommes tous collectivement perdants. »

Jacques Ducharme : « Allons-nous vers une glaciation politique? Deux "minoritaires' de suite et je pense à la souplesse du "triumvirat"... Subirons-nous un méchant mélange d'ambitions personnelles tel Pompée, César et Crassus, d'il y a? L'altruisme des gens sensés et de pouvoir imiteront-ils Octave, Antoine et Lépide? L'homme étant l'homme, je n'ai pas beaucoup d'assurance sur l'avenir. « Mon » Canada est simplement souffrant.

Dave Pollard : « Such a colossal waste of energy, time and money ($300 million, just to run the election). The fact that the turnout was a record low really says it all. It really shows how dysfunctional our electoral system is. And the fact that Canadians fell for Harper's Bush-inspired character assassination of the Liberal leader, and Harper's falsely smearing the idea of a carbon tax as an "additional tax burden" (the scheme is revenue neutral and would only punish polluters and gas gulpers) was really disappointing -- it demonstrated how depressingly effective negative, dumbed-down campaign advertising can be. Ugh. Here we are, again, in the same place. »

Mario Asselin : « ... en regardant de plus proche le fait que 40,9% des électeurs ne soient pas allés voter je me suis posé une question: «À quand une campagne électorale où les politiciens se promèneront d’assemblée en assemblée pour écouter et échanger, davantage que pour parler et demander d’écouter?» Ça n’arrivera pas de sitôt. Ce n’est pas dans les moeurs. Tout comme ce n’est pas dans les moeurs en enseignement encore. C’est comique d’ailleurs, parce que le taux de décrochage et le taux d’abstention ont l’air d’évoluer pas mal dans le même sens. Mais bon, ça doit être un hasard… (...) Je crois vraiment aujourd’hui, qu’au moins 40,9% des électeurs en ont ras le pompon d’écouter et qu’il y en a bien davantage qui aimeraient plus d’échanges, voire que les politiciens se la ferment un peu plus! »

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