1 nov. 2009

L'école québécoise : aujourd'hui comme hier...

Il se passe quelque chose de tragique dans l'école québécoise (tragique au sens littéraire de « propre à une situation conflictuelle, dramatique, douloureuse, dans laquelle une personne est prise comme dans un piège dont elle ne peut s'échapper » (TLF). Pour avoir moi-même vécu l'expérience de l'enseignement 'dans une autre vie' -- à l'époque où les décrets tenaient lieu de convention collective et où la critique était automatiquement associée à de la subversion --, croyez-moi, cette tragédie ne date pas d'hier! Mais je sens que quelque chose de profond est en train de changer : c'est qu'on en parle beaucoup plus ouvertement, à visière plus ou moins découverte certes, mais on en parle... Et on peut, semble-t-il enfin, se dire 'les vraies affaires' sans craindre les représailles!

« Dubet se plait à souligner aussi combien le monde scolaire est un monde théologique et sacralisé. S’il s’est largement construit en opposition au monde théologique, il en a adopté les mêmes formes de transmission des connaissances. Ce registre de sacralité républicaine est l’une des raisons pour lesquelles les réformes ne se font pas. Le malaise actuel de l’école vient en premier lieu d’un malentendu : le « collège unique » a été voulu comme un collège de masse mais avec une culture élitiste. Il y a là une tension qu’il est très difficile de résoudre. [...] Pour les élèves, « l’égalité des chances » tant prônée et valorisée a quelque chose de darwinien et d’impitoyable. Elle suppose en effet des vainqueurs et des vaincus. L’auteur rappelle que les mouvements ouvriers ne réclamaient pas l’égalité des chances mais qu’ils demandaient une amélioration de leur conditions.

« Selon Dubet, Il faut maintenant déscolariser la société. Nous vivons dans une société qui a mis trop de charges sur l’école. Il se produit un emballement, inutile et vain, de la demande scolaire. Le fait que 100 000 élèves quittent le système sans qualification n’est pas dramatique en soit. Ce qui l’est, c’est qu’ils se trouvent, du fait de cette absence de qualification, déclassés, mis en marge de la société Plus largement, c’est à l’emboitement des deux systèmes, social et scolaire, qu’il faut réfléchir. »

Stéphanie Demers, citant un entretien de François Dubet, sociologue français


« [...] il convient d’envisager toutes les solutions qui pourront contribuer à briser l’isolement dont souffre trop d’intervenants dans le monde scolaire. Raconter ce qui nous occupe, c’est bien, mais comme le dit Seth [Godin], il faut aussi apprendre à mieux s’interconnecter pour augmenter nos échanges et s’engager à fond dans les changements à faire. La troisième étape qui nous attend consistera en la création d’effets de levier qui permettront d’impliquer les gens de l’extérieur de notre domaine. J’aime bien ce résumé des principes de l’auteur de Tribes.

« Pour le moment, nous n’en sommes probablement qu’à l’étape de l’interconnexion entre les membres de la «masse critique» dont parlait Martin Bélanger. Il faut augmenter le nombre de ces personnes qui n’ont pas besoin d’avoir tout en commun, mais qui croient aux vertus de l’échange et du partage en plus de refuser le statu quo et la nostalgie de l’école où tout le monde doit apprendre les mêmes choses en même temps à la même vitesse. De fait, nous n’avons pas besoin d’être des milliers avant de pouvoir provoquer les changements escomptés pour se «guérir» de l’école d’hier qui créé trop souvent le décrochage d’aujourd’hui. Il nous faut seulement mieux s’organiser et se regrouper avec des réseaux constitués d’éducateurs qui utilisent les moyens modernes de communiquer. Les actions futures doivent-ils passer par les associations professionnelles, les syndicats, les représentants des divers acteurs de l’école (parents, cadres, etc.) ou les politiciens? Probablement… mais il faudra peut-être accepter de ne plus attendre après ces groupes dont l’inertie des uns explique peut-être l’inertie des autres.

Mario Asselin


« Tous les enseignants vous le diront : la réforme est morte. J’étais de ceux qui y croyaient et qui y croient encore, pourtant. Il me faut toutefois admettre que les bonzes de l’évaluation du MELS ont vaincu les “trippeux” de pédagogie.

Martin Bélanger

« Pour l’enseignant réflexif que je suis, la réforme scolaire, c’était le grand changement appréhendé. La réforme, ça demande des profs qui se mettent les “tripes” sur la table et qui sont prêts, au besoin, à faire table rase au nom de leurs grands idéaux pédagogiques. Ça requiert des profs sûrs d’eux, qui prennent des risques, qui sortent volontiers de leur zone de confort, qui acceptent de discuter de leurs certitudes, qui partent du principe que tout peut être remis en question. Ça prend des profs qui, au lieu de suivre un chemin asphalté et bien balisé, décident de créer le chemin au gré de leurs explorations.

« C’est précisément pour cela que la réforme a échoué : la masse critique de ceux qui sont prêts à “refaire le monde” de la pédagogie est trop petite. Elle s’est laissé noyer dans la majorité qui veut rester dans ce qui la réconforte : ses notes de 0 à 100%, ses tests d’évaluation de connaissances, ses moyennes de groupe, ses pondérations. Une p’tite dictée avec ça?

Martin Bélanger

« Nombreux sont les passionnés qui souhaitent la création d’une école adaptée à notre ère, notre réalité. Le réseautage et la collaboration permettront probablement sa création.
Alexandre Riopel, en commentaire au billet précédemment cité


« [...] j’ai observé depuis toujours que ceux qui réussissaient le plus à l’école primaire et secondaire étaient ceux qui avaient le plus intégré dans leurs attitudes et leur comportement cette valeur. Plus tu te conformes en classe, plus tu écoutes, plus tu suis les consignes, plus tu gardes les rangs, plus tu agis en conformité avec ce qu’on attend de toi… plus tu as de bonnes notes et mieux tu es perçu par "le système". Moins tu t’affirmes, moins tu déranges, moins souvent tu t’éloignes de la ligne droite tracée devant toi, mieux "tu performes" dans ce système.

« Pourtant, en dehors de l’école, sur le marché du travail, dans les arts ou les sports, en famille, "se conformer" en prenant le moins d’initiatives possible n’est absolument pas utile. En société, agir sans trop de discernement, "comme tout le monde", ça peut même te mettre en danger!

« On veut former des gens autonomes et responsables pour le collégial et l’université, sans leur montrer comment s’affirmer. D’ailleurs, quand ils osent s’avancer avec un point de vue divergent, ils en paient souvent le prix par le reproche ou l’exclusion.

« [...] j’en ai marre de ce système qui survalorise un comportement nuisible en société quand vient le temps de s’adapter. Trop de nos leaders sont de ceux qui ont refusé de rentrer dans les rangs… voire, ont décroché de ce système. Ne l’a-t-on pas remarqué?

Mario Asselin

« L'école est faite et menée par des gens qui n'en sont jamais sortis. On s'est organisé pour que ce soit comme ça. Nous y sommes entrés, enfants, et y sommes restés, toujours. Conformistes? Institutionnalisés, plutôt. Résister, c'est dans la nature profonde de l'école. C'est quasiment un mandat social: protéger l'institution. On est dans un univers, l'univers scolaire, où le meilleur c'est toujours avant qu'il est arrivé, c'est toujours hier que ça se passait. Chaque fois que tu parles de changer des choses, changer l'école, c'est comme si t'arrachais à la population des pans complets de ses archives personnelles: l'école telle qu'ils s'en souviennent. Le bon vieux temps. La grosse soupe originelle où on s'est tous construits et de laquelle on s'est extirpé pour aller peupler la terre. Un rite de passage. Y'en a qui fuient l'école publique, dans la mesure où ils en ont les moyens, parce qu'ils la trouvent trop perméables aux changements et aux modes. Ils préfèrent l'école privée qui fait l'apologie de ses traditions séculaires, de ses costumes, de son encadrement strict. Conformiste l'école? C'est à la limite du pléonasme. Comment pourrait-elle ne pas l'être, c'est ce à quoi on s'attend d'elle.
Marc Saint-Pierre, en commentaire au billet précédemment cité


(En réponse à la question : « Pourquoi une technologie qui offre une vraie dynamique devrait-elle avoir un coût inférieur ? »)

« Pour qu'il y ait apprentissage, il faut que l'élève soit actif dans la construction de son savoir. C'est pure illusion que de croire qu'un élève apprend en restant assis 50 minutes à écouter un prof (avec TBI ou non) déblatérer sa matière. Cette technique n'est utile que si on veut gaver les élèves de connaissances qu'ils régurgiteront quelques jours plus tard dans un examen. Il n'est pas nécessaire que chaque élève ait son ordinateur portable. Cependant, si cet élève a besoin d'utiliser un ordinateur, ce dernier doit être immédiatement accessible.

« Quelques exemples.
« Un élève écrit un texte. Alors, IL DOIT être en mesure d'ouvrir un ordinateur, d'utiliser un texteur (en mode local ou Internet), d'ouvrir son correcteur orthographique, d'ouvrir DES dictionnaires, d'accéder à l'Internet pour y faire des recherches sur des mots, des phrases, des idées, etc.
« On demande aux élèves de travailler en équipe sur un projet. Ces élèves DOIVENT avoir accès à des ordinateurs pour plusieurs étapes du projet :
- Remue-méninges avec un mind-mapping, par exemple.
- Structuration des idées et construction du plan (plusieurs logiciels sont d'une grande aide pour ce faire)
- Partage des idées (via un wiki par exemple ou un Google document)
- Écriture (wiki, texte partageable synchrone et asynchrone, outil de correction grammaticale, logiciel de graphisme, etc.)
... et j'en oublie.

« Le rôle du prof dans tout cela ? Laisser les élèves travailler !!! Les guider, leur faire prendre conscience de leurs avancées, de leurs difficultés, de leurs forces, de leurs défis. Auparavant, il était important que l'enseignant sache ce que l'élève apprend. Aujourd'hui, il est plus important que ce soit l'élève qui sache ce qu'il apprend et ce qu'il lui reste à apprendre !!!

Gilles Jobin


27 juin 2009

Pour un Canada plus authentique

Dave Pollard ne cesse de réfléchir sur How to save the World. À la veille du premier juillet, sa réflexion, inspirée par John Ralston Saul et Hugh Brody, pourrait s'intituler How to save the Canada. Je partage cette vision d'un Canada authentique qui reviendrait à ses valeurs indigènes; cette vision demeurera cependant utopique tant que le Canada anglais gardera sa mentalité de conquérant (lire mon commentaire et la réponse de Dave Pollard à ce sujet) : pour être encore plus authentique, cette vision du Canada devrait également inclure les 'valeurs fondatrices' dont il a été beaucoup question lors de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (Commission Bouchard-Taylor).

« [...] this country could be great, and its people could be models for the rest of the world at a time when sustainable, responsible, humble models are so desperately needed.

Author (and spouse of the former governer-general) John Ralston Saul explained in a TVO podcast last month why our legacy offers us some clues of how we could be great. Highlights:
  • [Citing First Nations playwright Tomson Highway] "Language is given form by mythology." Highway believes English is the language of the head, French the language of the heart, and indigenous languages are those of the body, the instinct and the senses. Today 45 of 53 indigenous languages spoken in Canada are disappearing, taking with them the original, and in Saul's view the authentic mythology of this country. In the absence of an authentic mythology and native language we are not a nation, and we cannot address the unique problems and imaginative possibilities this land presents.
  • We are, in fact, one of the few affluent countries in the world that are not monolithic, rational nation-states. By default, we are therefore a civilization of minorities (he did not use the word 'tribes' but that's what came to my mind as I listened). That is not a bad thing, but it requires us to stop following the US/European models and create our own. To create that model, we need to stop wasting the time of the leaders of Canada's 1.2 million aboriginal people in land claim disputes and allow them to guide us. The shared collective unconscious of our land is buried in their languages and we need them to interpret it for us.
  • Despite ruthless and persistent efforts to get Canadians to embrace Anglo-American myths and values, many of the indigenous values remain strong in Canada, for pragmatic and physical reasons. They comprise the unconscious Canadian mythology, which is very different from that of the US and UK (and often really annoys Americans and British people who do not understand or appreciate its subtleties). Elements include:
    1. an appreciation and respect for complexity and ambiguity
    2. a patience to discuss, debate and negotiate as often and as long as it takes
    3. a willingness to allow truth and knowledge and consensus to emerge
    4. an aversion to cultural coercion and monoculture (the melting pot)
    5. recognition of the importance of striking the balance between individual and collective rights and interests
    6. a preference for adaptation over imposing will, as a strategy for dealing with change
    7. a preference for egalitarian, flat structures over hierarchy and rank
What would a nation that accepted this as its authentic mythology be like?

A few years ago I wrote about Hugh Brody's book, The Other Side of Eden, an anthropological study of indigenous peoples, and it contained some clues. If our nation adopted an authentic indigenous mythology, and accepted this as our innate culture, in addition to entrenching the seven elements Saul notes above, we would:
  1. learn by doing, by experimenting, by practice, not by being told what to do by bosses, experts, 'leaders' or parents
  2. abhor dishonesty and revere candid and complete sharing of knowledge
  3. adapt to the land and physical reality of living here, rather than changing it
  4. appreciate that we belong to the land, not the other way around, and conserve it and steward it for future generations and all-life-on-Earth
  5. learn and adopt useful terms from all native languages
  6. embrace an oral culture, including learning when to speak, when and how to listen
  7. become master story-tellers
  8. learn the arts of analogy and inductive reasoning
  9. respect all forms of life as sacred
  10. appreciate the value of facilitation, consensus and conflict resolution
  11. leave it up to individuals to act responsibly after a discussion (rather than setting out an explicit 'who will do what by when' follow-up action list) -- this would revolutionize how meetings occur
  12. listen to experts' stories, but discourage them from proffering unsolicited instruction, advice or opinions -- let the story convey the wisdom
  13. trust our instincts and our subconscious to guide us as much as our intellects
  14. be generous with our possessions, to encourage reciprocality and engender trust
  15. respect women as full equals
  16. acknowledge and respect uncertainty, unpredictability, qualification, nuance and imprecision, and resist oversimplification, false certainty and false dichotomy
  17. encourage and enable the development of self-esteem, self-confidence and self-sufficiency
  18. stress the importance of strong, autonomous communities
These 25 qualities are already somewhat recognizable in the national character of Canadians. It's almost as if we can't help ourselves, as if this is just part of the way we are. For nearly two centuries we have sublimated and denied these characteristics, but they are still part of us, instinctive, coded somehow in our DNA. While a minority of my readers are Canadian, I find that when I talk about these qualities they seem to resonate much more strongly with Canadian readers than most others.

I am no longer idealistic enough to advocate the systematic breaking up of Canada into small self-selected communities; in a globalized world that's no longer feasible. But there are ways in which this national character, this authentic mythology of our nation might be institutionalized:
  • We could teach it in schools, as an integral part of Canadian history: This is who we are and what makes us different from people of other nations.
  • We could celebrate it during Canada Day, since right now what we celebrate on that day is dubious (the confederation of our country according to Anglo-American principles, ignoring the legitimacy and primacy of the First Nations who already lived here)
  • We could legitimize Canada's indigenous languages and work to protect and extend them
  • We could abolish the useless Canadian Senate and replace it with a self-selected council of aboriginal leaders whose views on all matters of public policy and cultural development would be actively sought and listened to
  • We could strive in all our activities to become and be seen as the world's most accomplished and articulate story-tellers
  • We could teach and encourage entrepreneurial business skills and formation, to make our society and economy more resilient and less dependent
  • We could devolve power and authority as much as practical, not to massive provincial, regional and city governments, but to local self-governing communities, and give these communities as much autonomy as they can reasonably handle
Instead of dysfunctionally trying to make our country in the image of others, we could just allow our nation to evolve to be what it is intended to be. And we could stop pretending to be what we are not, and instead become models for the rest of the world: masters of complexity, subtlety, adaptation, story and attentiveness to what we know, without the need for laws, governments or rhetoric, to be right. »

David Pollard, What Canada could be

16 avr. 2009

Partager ce que nous sommes

Bloguer, c'est partager. C'est partager ce que nous sommes. C'est aussi partager ce qui nous inspire à être ou nous a inspiré à devenir ce que nous sommes.

Inspiré par Mario Asselin, lui-même inspiré par Jeff Utecht, qui lui, avait été inspiré par Renny Gleeson, qui lui...


Le plus grand défi, c'est d'être jour après jour personne d'autre que soi-même :

A poet is somebody who feels, and who expresses his feelings through words. This may sound easy, but it isn't. A lot of people think or believe or know they feel -- but that's thinking or believing or knowing; not feeling. And poetry is feeling -- not knowing or believing or thinking.

Almost anybody can learn to think or believe or know, but not a single human being can be taught to feel. Why? Because whenever you think or you believe or you know, you're a lot of other people: but the moment you feel, you're nobody-but-yourself.

To be nobody-but-yourself -- in a world which is doing its best, night and day, to make you everybody-else -- means to fight the hardest battle which any human being can fight; and never stop fighting.

E.E. Cummings, cité par Dave Pollard

30 mars 2009

La culture citoyenne

« La culture est menacée. La culture québécoise est menacée. Il y a une sorte de guerre qui a été déclarée contre cette culture. (...) Quand je dis que la culture est menacée, ce n'est pas la culture comme une rubrique de journal -- c'est-à-dire que ce n'est pas juste les artistes, les travailleurs de la culture qui sont menacés (on est à Radio-Canada qui est menacée; solidarité à tous les artisans de Radio-Canada aujourd'hui!) --, c'est une menace contre la culture comme expression citoyenne, c'est la culture citoyenne qui est menacée parce que le pouvoir politique aujourd'hui au fédéral est contre tout ce que le Québec représente comme société progressiste. Et je suis persuadé que ce n'est pas en nous divisant, en allant chercher quelques petites concessions par ci et par là que nous allons protéger cet acquis extraordinaire du Québec collectif; c'est en créant un mouvement qui se défait de cet obscurantisme qui règne à Ottawa. Je voudrais terminer avec une phrase (que j'ai copiée à quelqu'un) qui est très pertinente : "La culture, dans le sens le plus large, est comme un parachute : quand on n'en a pas, on s'écrase." »

Patricio Henriquez, au Gala des Jutra. Récipiendaire du Prix du meilleur documentaire pour son plus récent film Sous la cagoule, un voyage au bout de la torture

« Si j’étais toujours enseignant, je m’empresserais de coller ce texte sur la porte de mon local, pour qu’il serve sans cesse de rappel aux élèves:
    La culture est quelque chose de dynamique — vous en faites partie — vous disposez de moyens de communication extraordinaires — servez-vous-en! — communiquez avec les gens qui s’adressent à vous, à travers les médias, les livres ou autrement, quels qu’ils soient — interpellez votre entourage— posez-leur des questions — demandez qu’on vous explique — donnez votre opinion.
Je crois que c’est seulement de cette façon que les technologies du numérique — et que la culture, dans un environnement numérique — pourront devenir des outils de liberté et de solidarité; et non pas seulement de nouveaux vecteurs de la société de consommation. »

Clément Laberge

« [Important] questions are not only the key to great research, they are key to all sorts of doors that, in our world of imaginative poverty, would otherwise remain closed, unexamined. [...]

Great questions are opening, not narrowing. They smash dichotomies rather than funneling people into them. Great questions are an invitation to great conversation. Many great questions start with "What if...?" And, perhaps most important, great questions tap into things that people care about. Great questions + passion = a recipe for moving forward, energetically and enthusiastically. [...]

What's holding you back from doing what you want to do, intend to do, love doing? What important question could you ask yourself about that challenge that might change everything?

Want to save the world, and yourself? Start by asking the right, smart, creative, provocative, important questions. »

Dave Pollard

20 janv. 2009

The time has come...

Aujourd'hui, je me suis senti Américain... God, peace, history, nation, people, ideals, generation, children, challenges, freedom, spirit, citizenship, liberty, new age, new life, new jobs, new foundation for growth, new threats, new era of peace, new way, new challenges, new instruments, new era of responsibility... J'aurais tellement le goût d'entendre ces mots en français.

Barack Obama Inaugural Address (Video)
January 20th, 2009 at the Lincoln Memorial, Washington DC.

“My fellow citizens:

I stand here today humbled by the task before us, grateful for the trust you have bestowed, mindful of the sacrifices borne by our ancestors. I thank President Bush for his service to our nation, as well as the generosity and cooperation he has shown throughout this transition.

Forty-four Americans have now taken the presidential oath. The words have been spoken during rising tides of prosperity and the still waters of peace. Yet, every so often the oath is taken amidst gathering clouds and raging storms. At these moments, America has carried on not simply because of the skill or vision of those in high office, but because We the People have remained faithful to the ideals of our forbearers, and true to our founding documents.

So it has been. So it must be with this generation of Americans.

That we are in the midst of crisis is now well understood. Our nation is at war, against a far-reaching network of violence and hatred. Our economy is badly weakened, a consequence of greed and irresponsibility on the part of some, but also our collective failure to make hard choices and prepare the nation for a new age. Homes have been lost; jobs shed; businesses shuttered. Our health care is too costly; our schools fail too many; and each day brings further evidence that the ways we use energy strengthen our adversaries and threaten our planet.

These are the indicators of crisis, subject to data and statistics. Less measurable but no less profound is a sapping of confidence across our land - a nagging fear that America’s decline is inevitable, and that the next generation must lower its sights.

Today I say to you that the challenges we face are real. They are serious and they are many. They will not be met easily or in a short span of time. But know this, America - they will be met. On this day, we gather because we have chosen hope over fear, unity of purpose over conflict and discord.

On this day, we come to proclaim an end to the petty grievances and false promises, the recriminations and worn out dogmas, that for far too long have strangled our politics.

We remain a young nation, but in the words of Scripture, "the time has come to set aside childish things. The time has come to reaffirm our enduring spirit; to choose our better history; to carry forward that precious gift, that noble idea, passed on from generation to generation: the God-given promise that all are equal, all are free, and all deserve a chance to pursue their full measure of happiness."

In reaffirming the greatness of our nation, we understand that greatness is never a given. It must be earned. Our journey has never been one of short-cuts or settling for less. It has not been the path for the faint-hearted - for those who prefer leisure over work, or seek only the pleasures of riches and fame. Rather, it has been the risk-takers, the doers, the makers of things - some celebrated but more often men and women obscure in their labor, who have carried us up the long, rugged path towards prosperity and freedom.

For us, they packed up their few worldly possessions and traveled across oceans in search of a new life.

For us, they toiled in sweatshops and settled the West; endured the lash of the whip and plowed the hard earth.

For us, they fought and died, in places like Concord and Gettysburg; Normandy and Khe Sahn. Time and again these men and women struggled and sacrificed and worked till their hands were raw so that we might live a better life. They saw America as bigger than the sum of our individual ambitions; greater than all the differences of birth or wealth or faction.

This is the journey we continue today. We remain the most prosperous, powerful nation on Earth. Our workers are no less productive than when this crisis began. Our minds are no less inventive, our goods and services no less needed than they were last week or last month or last year. Our capacity remains undiminished. But our time of standing pat, of protecting narrow interests and putting off unpleasant decisions - that time has surely passed. Starting today, we must pick ourselves up, dust ourselves off, and begin again the work of remaking America.

For everywhere we look, there is work to be done. The state of the economy calls for action, bold and swift, and we will act - not only to create new jobs, but to lay a new foundation for growth. We will build the roads and bridges, the electric grids and digital lines that feed our commerce and bind us together. We will restore science to its rightful place, and wield technology’s wonders to raise health care’s quality and lower its cost. We will harness the sun and the winds and the soil to fuel our cars and run our factories. And we will transform our schools and colleges and universities to meet the demands of a new age. All this we can do. And all this we will do.

Now, there are some who question the scale of our ambitions - who suggest that our system cannot tolerate too many big plans. Their memories are short. For they have forgotten what this country has already done; what free men and women can achieve when imagination is joined to common purpose, and necessity to courage.

What the cynics fail to understand is that the ground has shifted beneath them - that the stale political arguments that have consumed us for so long no longer apply. The question we ask today is not whether our government is too big or too small, but whether it works - whether it helps families find jobs at a decent wage, care they can afford, a retirement that is dignified. Where the answer is yes, we intend to move forward. Where the answer is no, programs will end. And those of us who manage the public’s dollars will be held to account - to spend wisely, reform bad habits, and do our business in the light of day - because only then can we restore the vital trust between a people and their government.

Nor is the question before us whether the market is a force for good or ill. Its power to generate wealth and expand freedom is unmatched, but this crisis has reminded us that without a watchful eye, the market can spin out of control - and that a nation cannot prosper long when it favors only the prosperous. The success of our economy has always depended not just on the size of our Gross Domestic Product, but on the reach of our prosperity; on our ability to extend opportunity to every willing heart - not out of charity, but because it is the surest route to our common good.

As for our common defense, we reject as false the choice between our safety and our ideals. Our Founding Fathers, faced with perils we can scarcely imagine, drafted a charter to assure the rule of law and the rights of man, a charter expanded by the blood of generations. Those ideals still light the world, and we will not give them up for expedience’s sake. And so to all other peoples and governments who are watching today, from the grandest capitals to the small village where my father was born: know that America is a friend of each nation and every man, woman, and child who seeks a future of peace and dignity, and that we are ready to lead once more.

Recall that earlier generations faced down fascism and communism not just with missiles and tanks, but with sturdy alliances and enduring convictions. They understood that our power alone cannot protect us, nor does it entitle us to do as we please. Instead, they knew that our power grows through its prudent use; our security emanates from the justness of our cause, the force of our example, the tempering qualities of humility and restraint.

We are the keepers of this legacy. Guided by these principles once more, we can meet those new threats that demand even greater effort - even greater cooperation and understanding between nations. We will begin to responsibly leave Iraq to its people, and forge a hard-earned peace in Afghanistan. With old friends and former foes, we will work tirelessly to lessen the nuclear threat, and roll back the specter of a warming planet. We will not apologize for our way of life, nor will we waver in its defense, and for those who seek to advance their aims by inducing terror and slaughtering innocents, we say to you now that our spirit is stronger and cannot be broken; you cannot outlast us, and we will defeat you.

For we know that our patchwork heritage is a strength, not a weakness. We are a nation of Christians and Muslims, Jews and Hindus - and non-believers. We are shaped by every language and culture, drawn from every end of this Earth; and because we have tasted the bitter swill of civil war and segregation, and emerged from that dark chapter stronger and more united, we cannot help but believe that the old hatreds shall someday pass; that the lines of tribe shall soon dissolve; that as the world grows smaller, our common humanity shall reveal itself; and that America must play its role in ushering in a new era of peace.

To the Muslim world, we seek a new way forward, based on mutual interest and mutual respect.

To those leaders around the globe who seek to sow conflict, or blame their society’s ills on the West - know that your people will judge you on what you can build, not what you destroy. To those who cling to power through corruption and deceit and the silencing of dissent, know that you are on the wrong side of history; but that we will extend a hand if you are willing to unclench your fist.

To the people of poor nations, we pledge to work alongside you to make your farms flourish and let clean waters flow; to nourish starved bodies and feed hungry minds. And to those nations like ours that enjoy relative plenty, we say we can no longer afford indifference to suffering outside our borders; nor can we consume the world’s resources without regard to effect. For the world has changed, and we must change with it.

As we consider the road that unfolds before us, we remember with humble gratitude those brave Americans who, at this very hour, patrol far-off deserts and distant mountains. They have something to tell us today, just as the fallen heroes who lie in Arlington whisper through the ages.

We honor them not only because they are guardians of our liberty, but because they embody the spirit of service; a willingness to find meaning in something greater than themselves. And yet, at this moment - a moment that will define a generation - it is precisely this spirit that must inhabit us all.

For as much as government can do and must do, it is ultimately the faith and determination of the American people upon which this nation relies. It is the kindness to take in a stranger when the levees break, the selflessness of workers who would rather cut their hours than see a friend lose their job which sees us through our darkest hours. It is the firefighter’s courage to storm a stairway filled with smoke, but also a parent’s willingness to nurture a child, that finally decides our fate.

Our challenges may be new. The instruments with which we meet them may be new. But those values upon which our success depends - hard work and honesty, courage and fair play, tolerance and curiosity, loyalty and patriotism - these things are old. These things are true. They have been the quiet force of progress throughout our history. What is demanded then is a return to these truths. What is required of us now is a new era of responsibility - a recognition, on the part of every American, that we have duties to ourselves, our nation, and the world, duties that we do not grudgingly accept but rather seize gladly, firm in the knowledge that there is nothing so satisfying to the spirit, so defining of our character, than giving our all to a difficult task.

This is the price and the promise of citizenship.

This is the source of our confidence - the knowledge that God calls on us to shape an uncertain destiny.

This is the meaning of our liberty and our creed - why men and women and children of every race and every faith can join in celebration across this magnificent mall, and why a man whose father less than sixty years ago might not have been served at a local restaurant can now stand before you to take a most sacred oath.

So let us mark this day with remembrance, of who we are and how far we have traveled. In the year of America’s birth, in the coldest of months, a small band of patriots huddled by dying campfires on the shores of an icy river. The capital was abandoned. The enemy was advancing. The snow was stained with blood. At a moment when the outcome of our revolution was most in doubt, the father of our nation ordered these words be read to the people:
“Let it be told to the future world…that in the depth of winter, when nothing but hope and virtue could survive…that the city and the country, alarmed at one common danger, came forth to meet [it].”
America. In the face of our common dangers, in this winter of our hardship, let us remember these timeless words. With hope and virtue, let us brave once more the icy currents, and endure what storms may come. Let it be said by our children’s children that when we were tested we refused to let this journey end, that we did not turn back nor did we falter; and with eyes fixed on the horizon and God’s grace upon us, we carried forth that great gift of freedom and delivered it safely to future generations.

Si Obama pouvait inspirer nos leaders...

Peut-être Obama incarne-t-il le côté immense rêve dont chacun a besoin et qui servira par la suite de moteur à l'action, en vue d'atteindre des buts et des objectifs de société qui influencent tous ses membres.

Dans un monde où le cynisme est croissant face aux politiciens robotisés par des faiseux d'images et des cons-seillers qui tentent de nous vendre des vendeurs de char trop politically correct, il est peut-être temps que surgissent des figures un peu plus légendaires qui font rêver au départ et qui accompagneront avec leadership affirmé le peuple dans sa transformation.

C'est ce que je souhaite qui arrive à nos voisins du Sud, et aussi qui puisse rejaillir sur nous et sur d'autres sociétés, tout en sachant que la diversité doit continuer d'être valorisée (pas de modèle unique avec une seule école de pensée stérilisante par définition !), et ce, par tous et chacun. Et ça, ça vaut pour les Américains, mais aussi pour toute organisation, réseau, société qui se réclame du progrès, de l'avancement et de l'humanité tout court !

Sylvain Bérubé

Belle occasion de se rappeler que c'est à Montréal qu'un premier noir a pu faire carrière dans le baseball professionnel...
En ce 20 janvier 2009, les États-Unis d'Amérique acclameront le premier président noir de leur histoire. Je sais que de nombreux Québécois auraient aimé être à Washington aujourd'hui afin de prendre part à la fête et vivre ce moment historique.

Pour ma part, je tenterai plutôt de payer une visite à la statue de Jackie Robinson, mon héros personnel, celui qui a tracé la route aux Barack Obama, Rosa Parks et Martin Luther King. Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est ce modeste bronze situé en face de l'entrée du Stade Olympique de Montréal, celui où l'on voit Jackie tendre la main à deux enfants.

Michel Dumais