Un éditorial de la journaliste Marie-Andrée Chouinard dans lequel, notamment, elle qualifie les blogueurs d'emberlificoteurs a donné lieu à des échanges pour le moins animés pour ne pas dire 'animosités' sur ce qu'il faut bien appeler la rivalité qui existe entre un groupe de journalistes et de blogueurs qui de part et d'autre prennent leur titre au sérieux lorsqu'il s'agit de politique partisane... De tout ce débat, j'ai retenu des éléments qui permettent de mieux définir le blogueur par rapport au journaliste.
« Voici pourquoi je crois que les partis politiques ont raison de favoriser la présence de blogueurs aux côtés des journalistes dans leurs activités partisanes. (...)Mario Asselin
- Les blogueurs «passent» souvent mieux le message que certains journalistes.
- (...)
- Les journalistes rapportent des faits, ceux qui font vendre, ceux qui cadrent, parfois, avec la ligne éditoriale du média qu’ils servent. Les blogueurs rapportent parfois les mêmes faits, mais souvent, vont rapporter d’autres faits, plus anecdotiques, plus sujets à l’établissement de conversations spontanées ou en lien avec d’autres sortes de lignes éditoriales.
- Les journalistes-chroniqueurs ont des opinions, celles qui font vendre, celles qui cadrent, parfois, avec la ligne éditoriale du média qu’ils servent. Les blogueurs ont eux aussi des opinions qui peuvent ajouter/compléter la perspective du journaliste, mais qui peuvent aussi initier une conversation avec l’auditoire du blogue. »
« ... ce n'est pas en allant s'abreuver aux mêmes sources que les journalistes que ceux-ci apporteront les nouvelles perspectives qu'on attend d'eux (même quand elles pêchent par une très grande subjectivité). (...) Il faut plutôt se déployer dans la foule, témoigner et rendre compte de ce que les journalistes ne peuvent peut-être pas voir, profiter du nombre, du réseau... de ce qui reste la force des blogues même sur le terrain, même dans un congrès politique. »
Clément Laberge (commentaire 9)
« Faudra qu'on m'explique, un jour, la fierté relative à se faire définir comme un "blogueur". Je préfère grandement rester un citoyen exprimant publiquement mes impressions et opinions bassement subjectives. J'ose croire qu'on ne m'accorde ni la crédibilité, ni l'intérêt accordé à un "journaliste professionnel". J'espère cependant que mes opinions, en tant que citoyens seront, au même titre qu'un éditorialiste, considérée à leur juste valeur, en autant qu'elles soient bien exprimées et suffisamment justifiées. »
Carl-Frédéric De Celles (commentaire 11)
« La société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire. La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. (...) C’est bien triste pour le Conseil de presse du Québec, Le collège des médecins, les différents syndicats et ordres professionnels de tout acabit, mais ils n’ont plus la sacro-sainte vérité et ils devront s’y faire et s’adapter… »
Michelle Leblanc
« ... j’aurai, en général, davantage tendance à croire un(e) journaliste pour au moins 2 raisons: 1) technique, pensant que le blogue est un outil davantage de communication (diantrement efficace) que de réflexion (comme le dit d’ailleurs J. Nielsen que tu critiques) et notamment eu égard au temps généralement utilisé pour écrire sur un tel support. 2) juridique, croyant qu’en l’état actuel des choses, tu peux dire ce que tu veux Michelle dans les limites passablement élastiques de la diffamation notamment alors que ladite journaliste elle est assujettie à un code de conduite, un guide de déontologie certes pas formellement contraignant, mais qui l’oblige notamment à vérifier ses propos et à suivre des processus éditoriaux passablement plus digne de confiance que celui suivi par le commun des blogueurs. »
Vincent Gautrais (commentaire 6)
« Le blogueur peut très bien se prononcer sur son espace sur l’événement du jour, en l’occurrence le congrès. Il peut aussi rapporter la nouvelle à sa manière. Le visiteur de son blogue saura décoder son message pour ce qu’il est. Mais qu’on n’en fasse pas un «journaliste», car son intérêt, sa formation, son intention, n’ont rien à voir peut-être avec ceux du journaliste, qui demeure une vigie et un chien de garde, une courroie de transmission entre l’espace politique et social et la population. Sa manière de rapporter les faits ou de les commenter est d’ailleurs régie par des codes d’éthique et de déontologie qui, s’ils sont respectés, évitent les dérapages. »
Marie-Andrée Chouinard (commentaire 8)
« The blog remained a superficial medium, of course. By superficial, I mean simply that blogging rewards brevity and immediacy. The key to understanding a blog is to realize that it’s a broadcast, not a publication. When readers of my blog bump into me in person, they invariably address me as Andrew. Print readers don’t do that. It’s Mr. Sullivan to them. If all this sounds postmodern, that’s because it is. And blogging suffers from the same flaws as postmodernism: a failure to provide stable truth or a permanent perspective. A traditional writer is valued by readers precisely because they trust him to have thought long and hard about a subject, given it time to evolve in his head, and composed a piece of writing that is worth their time to read at length and to ponder. Bloggers don’t do this and cannot do this—and that limits them far more than it does traditional long-form writing. »
Andrew Sullivan
Cité par Vincent Gautrais (commentaire 10)
« Les journalistes doivent comprendre qu’ils n’ont plus le monopole de la parole. Que la conversation est en route et qu’elle se fera avec ou sans eux. En revanche, il est normal que cette profession souligne les conditions éthiques et déontologiques qui s’imposent à elle et pas aux bloggers — dont je suis également. Ce qui ne veut pas dire que certains bloggers ne s’imposent pas un code éthique similaire à celui des journalistes. Maintenant, ne nous voilons pas la face, code de déontologie ne veut pas dire respect de ce code. Les exemples sont malheureusement quotidiens où les journalistes oublient leurs devoirs éthiques balançant de l’opinion à tout va, utilisant le conditionnel pour sortir des infos non vérifiées, acceptant les cadeaux et les voyages de presse, n’hésitant pas à faire du “product placement” dans leurs articles… sans oublier les erreurs, et parfois même les bidonnages. La déontologie a bon dos quand il s’agit de se payer les bloggers. Une façon de voir la poussière dans l’oeil de l’autre quand on ne voit pas la poutre dans le sien. Maintenant, la blogosphère doit également faire son auto-critique. Et reconnaître que la net éthique ne garantit en rien l’autenticité de l’information ou son non sponsoring par un tiers. Il est important dans une démocratie que le citoyen puisse distinguer facilement une information qui aura été vérifiée, d’une information qui aura été sponsorisée. Il est important de savoir qui parle. La question d’un code de déontologie et d’éthique pour ceux qui font acte d’informer le public reste donc entière ? Maintenant, ce ne sont pas les bloggers qui ont commencé à créer la confusion des genres, ce sont les journalistes eux-mêmes. »
Jeff Mignon (commentaire 11)
« Le point important à se rappeler, les lecteurs ne sont pas cons. Ils savent très bien faire la différence entre un bon blogueur et un blogueur poche, comme ils savent faire la différence entre un bon journaliste et un journaliste poche. Et bien entendu, ils savent faire la différence entre les deux. »
Normand Miron (commentaire 12)
Et ce n'est pas qu'au Québec que la pratique du journalisme à l'ère d'Internet et des blogues fait l'objet d'une remise en question...
« "Are reporters spending more time behind their computer screens, and less in the field, observing, conducting interviews, and gaining first-hand impressions of developments? Are bloggers filling some demand for reporting from the field, or are they simply rewriting other press coverage?" (citant Bill Dunton) Ultra local sites clearly fill in demand for reporting from the field - a demand that will be all the more acute as ‘local’ news retreats to a regional level. Good ultra local sites also counter the romanticism that only journalists can write decent content. »
William Perrin
« The world does not need journalists to communicate the vast majority of information that is defined as news. Most of the news that comes out of media organisations on a daily basis is information that others either WANT people to know or HAVE to admit to. It is just re-written or re-presented in a format that fits that platform. So, instead of journos, the world needs the generators of this information to communicate it better and to allow for redress to what they say. So is there somewhere the paid journalist can fit into all this then? Well, I guess journalists should be doing what they’re supposed to do - find out the information that organisations don’t want people to know. But they can’t do that until they are freed up from the current information processing that they have to do, and that means those that provide information start doing so in formats that are usuable and on a platform that allows redress. »
Joanna Geary via William Perrin
Aucun commentaire:
Publier un commentaire