31 oct. 2008

Saint-Armand, un village numérique? On peut toujours rêver.

Dans la foulée d'une lettre ouverte au premier ministre proposant un plan numérique pour que le Québec devienne « une nation qui prendra sa place et se distinguera dans la nouvelle économie », je note ici quelques idées qui, si elles étaient soutenues politiquement et financièrement au niveau provincial, pourraient avoir des retombées locales et contribuer à faire de Saint-Armand un village numérique (espérant peut-être ainsi ranimer un vieux rêve...)


  • Le gouvernement québécois doit garantir l’accès à tous les Québécois à Internet haut débit partout dans la province. L’Internet haut débit constitue aujourd’hui, comme l’eau, le téléphone ou l’électricité, une commodité essentielle.
  • Des mesures doivent être développées pour assurer la protection de la liberté d'expression des citoyens. Un individu confiant participera activement aux débats politiques et à l’activité économique et contribuera ainsi à la santé de notre société.
  • L’introduction d’une formation, dès le plus jeune âge, répond à la nécessité de donner, à chaque enfant, des compétences qui sont devenues aujourd’hui indispensables pour réussir tant au niveau professionnel que social.
  • La numérisation accrue et la disponibilité en ligne des contenus académiques et leur libre accès sont des incontournables.
  • [Implanter] des outils additionnels d’information, de transaction et d’échange. La transparence doit être à l’ordre du jour et le gouvernement doit ainsi démontrer qu’il a confiance au fait que les citoyens sont d’importants contributeurs à notre système démocratique.
  • Il est important que le gouvernement provincial supporte et guide les gouvernements municipaux en matière de politiques numériques. En effet, ces derniers sont des acteurs importants du développement de l’économie numérique locale.
Patricia Tessier, Un plan numérique pour le Québec (wiki)

  • Encourager les entreprises et institutions publiques à partager gratuitement leur capacité Internet, à travers notamment des projets communautaires comme Ile sans fil, ZAP Québec ou ZAP Sherbrooke.
  • Faire confiance aux jeunes générations et à leur capacité à aider les vieux, plutôt que de chercher à les isoler pour les protéger.
  • Qu’on mise sur l’ouverture, la normalisation, le partage et le développement informatique ouvert. Surtout, qu’on vise la prise en charge interne des développements de projets numériques stratégiques, sachant qu’une vision impartie n’est plus une vision.
  • Qu’on donne l’exemple aux citoyens et aux entreprises, particulièrement dans l’efficacité et la convivialité des solutions interactives proposées!
Carl-Frédéric De Celles

Mise à jour
Ce que révèle un rapport publié à la suite d'une étude sur l'utilisation de technologies de l'information par les communes bretonnes montre bien que Saint-Armand n'est pas la seule municipalité à tirer de la patte en matière d'utilisation des technologies de l'information pour favoriser la démocratie locale.
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« (...) Son enseignement principal est de montrer qu’il existe une fracture numérique entre collectivités locales bretonnes, au détriment des communes rurales de moins de 2000 habitants. Une fracture liée à des éléments objectifs et irrémédiables (manque de moyens…), qui ne sont pas forcément insurmontables, mais surtout à un manque de compréhension des TIC par une partie des décideurs publics (personnels administratifs et élus) qui sont aux commandes de ces communes.

« Si l’étude montre que presque toutes les mairies bretonnes (98 %) ont une connexion permanente à haut débit, et que l’équipement a progressé (90% des communes ont équipé la totalité de leur personnel administratif d’ordinateur, 87% leur donnant aussi un accès à l’internet), reste que l’accès à cette connexion est inégalement réparti : tous les élus ou les employés ne sont pas connectés. Les usages ne sont pas non plus très homogènes. Si les services administratifs profitent le plus d’internet, ils communiquent peu entre eux par courrier électronique par exemple (2 mairies sur trois ne l’utilisent pas en interne). Ainsi, les documents préparatoires aux réunions restent peu diffusés par mail (la pratique n’a pas vraiment progressé depuis l’enquête de 2005). L’une des raisons avancée tient au fait que le personnel comme les élus ne sont pas assurés de la bonne réception d’un dossier, car maires, élus ou personnels lisent trop irrégulièrement leurs mails.

« Les maires utilisent-ils l'internet ? Forcément, la mise en commun de l’information est à peine ébauchée : seulement 9 % des mairies utilisent des agendas partagés, une mairie sur quatre dispose d’un espace de travail collaboratif ou d’un intranet pour y stocker des données. Là encore, Jocelyne Trémembert et son équipe soulignent l’existence d’un effet de taille des communes dans les usages : les communes de moins de 1000 habitants, les communes appartenant à une zone rurale, celles dont les revenus sont les plus faibles ont tendance, en moyenne, à avoir des usages faibles des nouvelles technologies. Les résultats de l’étude relatifs aux relations entre la mairie et ses autres partenaires montre l’existence d’usages parfois plus avancés. Mais dans l’ensemble, concluent les chercheurs, “beaucoup de maires n’ont pas acquis une perception des opportunités que leur offrent les TIC, dont le maniement n’est pourtant pas plus abstrait ou complexe qu’un règlement administratif spécifique, un schéma électrique ou de canalisation, ou encore un contentieux juridique délicat. Ce manque d’appétence vis-à-vis des TIC peut résulter d’une faible perception des avantages que procurent les TIC face aux coûts qu’elles représentent. Il est clair que dans les petites communes, la circulation informelle de l’information, qui implique peu de personnes, peut sembler suffisante.Ces élus ne perçoivent pas le handicap que peut représenter le faible usage des TIC, d’où le fait que les communes qui n’utilisent pas les TIC n’aient pas non plus le projet de s’y intéresser.

« En ce qui concerne les relations et les services aux citoyens, l’échange électronique n’est pas toujours perçu par les collectivités comme ayant la même valeur qu’un échange traditionnel (par écrit notamment). Si presque toutes les communes ont une adresse électronique, cela ne signifie pas “que les adresses soient actives” ou que les messages arrivent au bon destinataire. 40 % des communes bretonnes ont leur site web (contre 37 % en 2005 et 35 % en 2003), mais peu l’actualisent. Si depuis 2005, date de la précédente enquête, la nature des informations qu’on y trouve a évolué, c’est souvent sans politique éditoriale définie, avec de grandes variations d’un site à l’autre. Les informations pratiques et l’agenda sont les éléments que l’on trouve le plus couramment sur les sites municipaux bretons, loin devant l’accès au journal municipal téléchargeable. Selon les chercheurs, les raisons qui expliquent pourquoi certaines communes sont plus avancées en matière de web que d’autres reposent d’abord sur la taille de la commune, la présence de ressources humaines dédiées aux TIC et sur le fait que la commune soit une destination touristique.

« Dans la typologie des communes qu’ont mis en place les chercheurs - une typologie qui tient compte des usages internes ou externes qui sont faits des technologies de l’information -, on voit bien que l’implication des élus demeure le premier moteur, qu’ils donnent l’élan qui permet de combler la fracture numérique qui touche plus facilement les communes les plus rurales - laissant de côté, à ce jour, presque 50 % des communes bretonnes. »

Hubert Guillaud

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